Caché derrière les nombreux stands du marché Popincourt, dans le XIe arrondissement de Paris, et niché entre deux gros camions blancs banals, un petit food truck noir saute aux yeux. A l’intérieur, Ndeye Soynabou Niang, toque sur la tête et tablier rouge en protection, s’active. Tchak, Tchak, tchak. Son couteau vient fendre à intervalle régulier les légumes qui se présentent devant elle. La quinquagénaire envoie ensuite la nourriture aux deux autres cuistots, Christelle et Mata, qui se chargent de les balancer dans des poêles et grosses marmites fumantes. Au menu du jour, un thiéboudiène, plat traditionnel du Sénégal, et une sauce gombo, met à base de viande et de tomate, réputé en Afrique de l’Ouest.
Tout laisserait à penser que le trio prépare des petits plats à vendre aux personnes âgées qui se baladent à quelques mètres de là, caddies à la main. Si on ne prenait pas en compte l’absence de prix, l’étrange emplacement, les deux enfants qui assistent à la scène – dont un en poussette – depuis l’intérieur du camion. Et surtout, les autocollants «Armée du salut» collés un peu partout autour du véhicule.
«Avoir un toit ne fait pas tout»
Depuis trois mois, l’organisation connue pour ses actions sociales a mis en place un camion-cuisine mobile dans le XIe arrondissement de Paris. Deux fois par semaine, sur les horaires du marché Popincourt, le food truck vient se garer sur le boulevard Richard-Lenoir, pour permettre aux familles précaires, hébergées dans les hôtels du coin, de venir cuisiner et remplir leu