«Alors ça, par contre, non, je suis désolée. Au risque de ne pas vous avoir comme client, je ne fais pas de tri selon la communauté ni la race.» A l’inverse : «Pas de problème, il faudra juste le préciser quand vous nous remettrez votre logement et bien entendu on fera pas de visite si vous ne souhaitez pas des personnes d’une certaine communauté.» Ou encore, sur un ton complice : «Vous n’êtes pas la première à me demander ce genre de choses, voilà, c’est comme si je n’avais rien entendu et, après, c’est vous qui me dites oui ou qui me dites non.»
Faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? C’est la question qui se pose en découvrant les résultats de la nouvelle campagne de testing menée par SOS Racisme auprès de 136 agences immobilières relevant de dix grandes enseignes françaises, implantées sur tout le territoire. Les militants se sont fait passer pour des propriétaires, au nom à consonance bien française, désireux de louer leur bien mais pas à n’importe qui : l’agence devait leur présenter uniquement des dossiers de locataires «de type européen et non les profils dits arabes ou noirs afin d’éviter les problèmes de voisinage». Un précédent testing, réalisé en 2019 sur des agences situées en Ile-de-France, avait montré que 51 % d’entre elles acceptaient de pratiquer une discrimination ou s’en faisaient les complices. Trois ans après, la proportion est inversée : 51,5 % ont refusé de pratiquer une sélection sur la base de critères ethn