Quand il avait 10 ans, Michel se rendait aux bains-douches de la rue Petitot (XIXe) avec ses parents. Une époque où «les gens se lavaient encore au lavabo», faute de sanitaires installés dans les logements. Le septuagénaire a renoué il y a quatre ans avec ce lieu parisien. Voyant les factures augmenter, il a en effet choisi de couper le gaz dans son appartement. 250 euros d’économie par an pour celui qui touche 670 euros de retraite et 200 euros d’APL chaque mois. Alors, deux fois par semaine, il trimballe dans son sac cabas une serviette, un savon naturel (les gels douche de supermarché étant selon lui «bourrés de conneries»), un peigne et «des chaussures en plastique pour ne pas toucher le sol des douches».
«On se débrouille», dit-il en haussant les épaules, les mains derrière le dos. Soudain, il hausse les sourcils. «Je n’ai jamais envié la bourgeoisie vous savez», lâche le retraité, comme s’il craignait de susciter la pitié. Celui qui a travaillé jusqu’à l’âge de «65 ans et quatre mois» a des varicosités sur les joues. Michel est du genre manuel. Il a été accessoiriste à l’Opéra de Paris, peintre, a bossé au black dans les chantiers, et même été chauffeur à la RATP. Il blague autant de son mode de vie «anarchiste» qu’il se révolte du coût de la vie. «Vous voyez le Lidl rue Compans ? Le croissant est passé de 29 à 35 puis 45 centimes en quelques semaines. Il y a de quoi tirer la gueule non ?» Un ami du quartier passe