La présence, cet été, de plusieurs nourrissons dans les rues de Lyon avait créé l’émoi. Voire l’indignation. Après un mois et demi d’une vive polémique, la métropole de Lyon s’est vue contrainte de faire machine arrière. Le président de la métropole, Bruno Bernard, a annoncé ce vendredi 30 août la levée de l’arrêt de la prise en charge de l’hébergement d’urgence des femmes isolées avec enfants de moins de trois ans, un dispositif dont la collectivité est pourtant responsable, comme les départements. Mais pour des raisons budgétaires et pour mettre l’Etat et les départements voisins face à leurs propres responsabilités, la métropole, dirigée par des écologistes, avait suspendu à la mi-juillet les nouvelles prises en charge, tout en maintenant celles déjà engagées.
Comme la préfecture du Rhône, qui avait changé ses critères de prises en charge des familles sans abri, la métropole avait alors été vivement critiquée par des associations et des acteurs sociaux, en particulier après la révélation de cas de nouveau-nés qui avaient passé la nuit à la rue avec leur mère. Il ne s’agissait pas de «femmes isolées» et elles relevaient donc de la compétence de l’Etat, a répété aujourd’hui le président écologiste de la Métropole, tout en jugeant la situation «inacceptable». Dans ce contexte, la métropole a pris la «décision de reprendre dès maintenant l’accueil des femmes isolées avec enfants de moins de trois ans», a-t-il ajouté devant des journalistes.
Reportage
Toutefois, les nouvelles prises en charge ne concerneront «que le public en lien avec notre territoire», a-t-il précisé, soulignant que la métropole ne pouvait «pas poursuivre pour pallier l’inaction de tous nos départements voisins, comme fait» par le passé. Cela exclut par exemple des personnes qui ont fait des demandes d’asile dans un autre département, ou qui n’ont jamais eu de domiciliation dans l’agglomération lyonnaise.
Un budget de 11,3 millions d’euros en 2024
Par ailleurs, Bruno Bernard a insisté sur les efforts «très larges» de la collectivité en matière d’hébergement d’urgence sous le mandat écologiste. Le budget alloué a été multiplié par 14, passant de 800 000 euros par an en 2019, à 11,3 millions en 2024, selon la métropole. Soit à l’heure actuelle la prise en charge de 1 156 personnes, dont 731 enfants.
Dans son rapport annuel dévoilé de jeudi, l’Unicef a comptabilité 2 000 enfants contraints de dormir dans la rue en France. Une «violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant». Selon les données du baromètre, au moins 2 043 enfants - dont 467 âgés de moins de 3 ans - sont restés dans la nuit du 19 au 20 août sans solution d’hébergement à la suite de la demande de leur famille au 115, le numéro d’urgence pour les personnes sans abri. C’est moins que les 3 000 enfants qui avaient été recensés en octobre 2023 mais c’est un chiffre inédit en cette période de rentrée, en hausse de 3 % par rapport à août 2023, de 27 % par rapport à 2022 et de 120 % par rapport à 2020.
«J’espère que ce rapport et la mobilisation ici vont faire avancer le travail» sur l’hébergement d’urgence au niveau national, a estimé Bruno Bernard, pour qui la question du sans-abrisme n’est «pas réglable sans politique nationale». Selon tous les acteurs, la crise du logement, et plus particulièrement du logement social, «grippe» tout le système en empêchant les personnes entrées dans les dispositifs d’urgence d’en sortir.