Ne dites plus traîner au lit, mais «bed-rotting» ; cuisiner pour la semaine, mais «batch-cooking» ; habiter en commun, mais «coliving». C’est bien connu, il suffit d’ajouter le suffixe «-ing» pour transformer une habitude du quotidien en concept innovant venu des States. C’est ainsi que la bonne vieille colocation s’est offert un ravalement de façade ces dernières années avec l’avènement à travers la France du «coliving», une coloc avec un truc en plus, en l’occurrence sa gestion par une entreprise. En somme, l’industrialisation de la coloc, pour un marché qui grimpe vite : 428 millions d’euros investis en 2023, contre 291 millions en 2022.
Produit hybride, à mi-chemin entre l’habitat et l’hôtellerie, le coliving fleurit dans un vide juridique, au risque de devenir un eldorado pour entreprises peu scrupuleuses attirées à la fois par l’anarchie ambiante et la belle vitrine. «Cette marotte du coliving, présentée sous des dehors très séduisants, est en fait un moyen de s’affranchir de toutes les règles», juge le sénateur communiste