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Précarité

«Dérive inquiétante» : les expulsions de campements en forte hausse, la plupart du temps sans solution d’hébergement

Crise du logementdossier
Selon un rapport publié ce jeudi 5 décembre par l’Observatoire de surveillance des expulsions collectives de lieux de vie informels, plus de 100 000 personnes ont été expulsées entre novembre 2023 et fin octobre 2024. Dans 88 % des cas, aucune solution d’hébergement n’a été proposée.
Lors d'un démantèlement de campement à Calais, le 1er août. (Zélie Hallosserie/Light Motiv)
publié le 5 décembre 2024 à 11h35

Des chiffres en hausse. Plus de 100 000 personnes, essentiellement étrangères, ont été expulsées entre novembre 2023 et fin octobre 2024 de squats, bidonvilles, campements et autres abris informels, selon le rapport annuel de l’Observatoire de surveillance des expulsions collectives de lieux de vie informels publié ce jeudi 5 décembre.

L’observatoire, fondé par plusieurs associations dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l’Homme ou encore la Fondation Abbé Pierre, rapporte que 1 484 opérations d’expulsion ont été recensées sur cette période partout en France. Elles ont concerné au moins 108 456 personnes, dont 80 449 sur le littoral nord, soit en moyenne 220 par jour dans cette zone. Certaines personnes ayant subi plusieurs expulsions au cours d’une même année, elles peuvent avoir été comptabilisées plusieurs fois dans ce rapport.

Dans 87 % des cas les habitants voient leurs biens «détruits ou confisqués»

«Ces chiffres sont en forte augmentation par rapport à l’an dernier (1 111 opérations, ndlr)», selon l’Observatoire, qui affirme que dans 88 % des cas, les expulsions «ne donnent lieu à aucune solution d’hébergement et /ou de logement des personnes».

Plus de la moitié des expulsions ont lieu pendant la trêve hivernale, avec un pic au mois de février, et dans 87 % des cas les habitants voient leurs biens «détruits ou confisqués» au moment de l’expulsion. «Or ces maigres biens, les carnets de santé, les papiers d’identité, un duvet, une tente, des médicaments, c’est vital pour ces personnes», souligne Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.

Il dénonce une «dérive inquiétante» des pouvoirs publics et de certains responsables politiques ayant tendance à «se gargariser» d’une hausse des expulsions «plutôt qu’à trouver des solutions» d’hébergement pour ces publics précaires.