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Libération
Inauguration

Des logements sociaux à deux pas de l’Elysée

La mairie de Paris inaugure ce jeudi 35 logements sociaux au beau milieu des quartiers chics du VIIIe arrondissement. L’arrivée d’une population modeste doit permettre de relancer la mixité sociale au sein de ces territoires, où plusieurs projets du même genre ont déjà vu le jour.
A l'angle du 210, rue du Faubourg Saint-Honoré et du 32, rue Laure Diebold, dans le VIIIe arrondissement de Paris. (Cyril Bruneau)
publié le 6 mai 2021 à 13h25

A peu de chose près, ses locataires seront les voisins d’Emmanuel Macron. Ce jeudi après-midi doit avoir lieu l’inauguration de deux ensembles HLM en plein VIIIe arrondissement de Paris, l’un des moins dotés en logements sociaux de la capitale (à peine 3,5% du parc). Le premier se trouve au 210, rue du Faubourg Saint-Honoré, où 23 logements ont été créés ex nihilo. Le projet a été programmé sous la première mandature d’Anne Hidalgo, il y a cinq ans. Il s’inscrit dans une zone d’aménagement plus large, la ZAC Beaujon, située sur l’ancienne emprise de l’hôpital Beaujon, au centre du vaste îlot du Faubourg du Roule.

Les 12 appartements nichés au 45 de la rue du Miromesnil ont été construits à partir d’un bâti déjà existant. «Il s’agit à l’origine d’un immeuble que la ville de Paris a préempté il y a trois ans», indique Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris en charge du logement. Le bâtiment devait être vendu à une société immobilière privée, Akelius, «dont les pratiques sont assez contestées, elle avait mauvaise réputation à Paris», dénonce l’adjoint.

«Ramener de la vie»

Ces logements sont soit des Plai (financés par le prêt locatif aidé d’intégration), attribués aux locataires en situation de grande précarité, ou des Plus (financés par le prêt locatif à usage social), à destination de familles de salariés au revenu modeste, avec des loyers qui varient entre 7 euros le mètre carré pour les Plai (soit 490 euros mensuels pour un 70 m2) et 8 euros le mètre carré pour les Plus.

Parmi les personnes qui vont investir ces appartements d’une à quatre pièces et présentes lors de l’inauguration, on trouve par exemple un agent hôtelier, une vacataire des activités périscolaires, un chômeur, un chauffeur livreur, une enseignante, une greffière au palais de justice de Paris, un gardien de la paix, un retraité ou encore une agente d’accueil de surveillance de la ville de Paris. «L’idée, c’est de permettre à des familles d’investir ces quartiers, pour une bonne part à dominante bureau, tertiaire, dans lesquels on souhaite ramener de la vie. Cela passe par le fait que des familles puissent y habiter», souligne Ian Brossat.

Cela passe aussi par la mise en place d’autres projets afin de favoriser l’accueil de ce nouveau public. Sur la ZAC Beaujon, l’installation de ces logements sociaux va de pair avec la création de nouveaux équipements publics, puisque sur cet immense site de 17 700 m2, une crèche, une école, une piscine, un gymnase avec un grand mur d’escalade, un jardin public et un commissariat voient également le jour. Pas de vue directe, donc, sur le bureau du Président, mais plutôt sur le cossu carrefour Friedland-Faubourg Saint-Honoré, que longent en bonne partie ces logements, dont le coût des travaux s’élève à 8 915 820 euros, dont 2 305 729 euros de subventions, en y incluant un commissariat.

Un projet de 250 logements sociaux dans le VIIe

Ces projets de longue date doivent répondre à l’objectif de rééquilibrage territorial que se fixe depuis 2014 l’exécutif parisien, via la création de logements sociaux au sein de secteurs qui en sont dépourvus. En juillet, la ville de Paris inaugurait déjà trois bâtiments au 26, rue de Saint-Pétersbourg, toujours parmi les quartiers chics du VIIIe arrondissement. Les immeubles, qui abritaient jadis un ancien hôtel art déco et une partie de l’ancien couvent des Oblats, ont été réhabilités pour laisser place à 84 logements sociaux.

Dans un futur proche, l’adjoint au logement indique qu’un «grand projet» de 250 logements sociaux est sur la table. Cette fois dans le VIIe, soit l’arrondissement le moins doté en la matière (le parc de logements sociaux se situe autour des 2%). Les appartements seront construits à la place des anciens bureaux du ministère de la Défense, situés dans l’îlot de Saint-Germain. «Les travaux ont commencé et seront livrés d’ici deux ans», promet Ian Brossat.