«Mesdames, Messieurs, les auditeurs. A tous ceux qui rêvent du bonheur…» Sur l’enceinte grésillante, le son est saturé. La chanson de Panda Dub détonne avec les inscriptions sur les banderoles accrochées place Jacques-Bainville, à deux pas du ministère du Logement : «Un toit = un droit», «La rue c’est la mort. Un logement c’est la vie.» Dans le campement d’urgence installé par l’association Droit au logement (DAL), la préoccupation est ailleurs. Avant de rêver du bonheur, ils espèrent déjà trouver de quoi se loger. Des dizaines de familles et personnes sans abri ont investi la place depuis deux semaines. Ils ne sont pas nombreux ce vendredi matin, «la plupart sont partis se laver aux bains-douches du XVIIIe arrondissement», explique Fanny, salariée de l’association depuis 2019. D’autres se sont levés aux aurores pour aller travailler. Djalil, lui, a décampé à 5 heures pour assurer la sécurité sur des chantiers. Avant de finir place Bainville, l’homme de 67 ans dormait dans sa voiture. «Sur les 38 familles hébergées ici à tour de rôle, la majorité continue à travailler», assure la militante. Ironie du sort : la journée, certains travaillent dans des hôtels. Des employés sans abri faute de loyer accessible. Deuxième ville d’Europe la plus chère pour les locataires, Paris connaît une crise du logement sans précédent, due à des prix exorbitants et un irrespect des lois qui protègent les plus précaires, ce que dénonce l’association.
«Pour le symbole»