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Libération
Reportage

«Ailleurs, tout était hors de prix»: En Gironde, le camping à l’année, solution de recours très précaire

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Crise du logementdossier
Au Bel Air, plusieurs personnes chassées de Bordeaux par des loyers trop élevés résident à l’année dans des mobil-homes. Mais le gérant ne peut accepter toutes les demandes.
Entre Roubaix et Dunkerque, dans les Hauts-de-France. (Anouk Desury/Light Motiv)
par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux
publié le 4 avril 2024 à 20h07

«Ce qui me manque le plus, c’est ma cheminée.» Dans le salon-cuisine de son mobil-home de 30 m², Christian parle avec nostalgie de son ancien foyer. Il y a sept ans, le sexagénaire vivait encore dans un spacieux T3 dans l’Entre-deux-mers. «C’était beaucoup plus grand qu’ici. Mais une fois à la retraite, mes revenus sont passés à 750 euros par mois, pour 600 euros de loyer. Sans compter l’eau et l’électricité. J’ai dû trouver une solution», retrace le Girondin, ancien nettoyeur industriel. Sur le chemin de son travail, il avait l’habitude de passer devant le Bel Air, un camping trois étoiles à Sadirac. «Je me suis dit : pourquoi pas ? Ailleurs, tout était hors de prix.» Avec les économies qu’il lui reste, il achète sur place un mobil-home, à 18 000 euros. Chaque mois, il débourse désormais 268 euros pour la location du terrain, à laquelle s’ajoute une centaine d’euros de charges tous les trois mois. «Ce n’est pas facile, surtout depuis mon AVC en 2022, car je dois marcher avec une canne. Mais je m’en accommode.» Aux murs, des cadres en pagaille, des photos de famille… Christian apporte un soin particulier à la décoration pour se sentir chez lui malgré tout, même s’il regrette de ne plus pouvoir héberger ses petits-enfants, faute de place.

«En théorie, on ne peut pas vivre au camping à l’année, mais comme beaucoup d’autres propriétaires, on y a dérogé quelques fois, car on sait à quel point c’est compliqué de se loger dans le coin», concède Ra