D’un côté il y a Soamalala. Allure studieuse. Chemise rayée sous une veste en jean sans manches, lunettes et chignon haut. De l’autre, Paule, cheveux courts et argentés, sweat bleu marine. La première a 22 ans ; la seconde, 91 ans. Depuis la rentrée 2023, toutes deux partagent la même adresse : celle de la résidence senior de Massy (Essonne).
«Je suis arrivée par hasard et par chance.» Soamalala n’avait pas envisagé d’habiter un jour en résidence senior. Quand elle a obtenu son alternance à Massy, à plus de deux heures en transport de son précédent logement, elle est d’abord passée par la voie conventionnelle pour trouver un appartement. Recensement des annonces, appels, constitution de dossiers, visites, refus… et rebelote durant trois mois. «Souvent, il y avait quelqu’un, peut-être avec un meilleur dossier, qui obtenait le logement avant moi. Ou alors c’était trop cher, trop loin ou pas meublé.» Soamalala le sait, elle n’est pas un cas isolé : «J’ai un copain qui cherche depuis six mois.» En France, d’après l’Observatoire national de la vie étudiante, contacté par Libération, on compte 3 millions d’étudiants pour seulement 400 000 logements qui leur sont dédiés (