Dans les couloirs de la tour Obélisque règne déjà un silence d’abandon, une atmosphère fantôme. Les habitants qui n’ont pas encore quitté les lieux se succèdent sur le palier, des cartons plein les bras. Devant la petite entrée à l’ouest de cette longue tour à l’architecture cubique des années 70, qui domine Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), les camions de déménagement se succèdent. Le tout, sans un bruit ou presque, dans une ambiance d’exode à marche forcée. Ils ont le visage triste, la démarche lourde, abattus par la précipitation d’une évacuation qu’ils ne comprennent pas.
«Depuis un mois, ça ne s’arrête pas. Il y a presque toujours un camion qui attend», commente Omar, un habitant qui vide son appartement où il vit avec sa femme enceinte de cinq mois. A côté des ascenseurs capricieux, des avis préfectoraux ont été placardés le 4 novembre pour appeler à l’évacuation de cette tour de 32 étages et ses 163 appartements pour «péril grave et imminent». Conséquence d’une expertise judiciaire demandée par le tribunal administratif de Montreuil, saisi par le préfet de Seine-Saint-Denis, selon laquelle les balcons menacent de s’effondrer.
«On aurait dit une opération antiterroriste»
La façade sud, devant laquelle se trouve le parking extérieur aujourd’hui condamné par un mur de tôle blanche, a déjà été évacuée le 15 novembre. Ce jour-là, des effectifs de police ont encerclé l’immeuble. Il a fallu forcer de nombreuses portes, poser des scellés sur tous les appartements évacués. «On aurait dit une opération