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Reportage

Expulsions locatives : «On ne sait pas quel jour passera la police, alors on vit dans le stress»

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Deux semaines après la fin de la trêve hivernale, sur le terrain les consignes de la ministre du Logement de ne pas procéder à des expulsions sans relogement ou hébergement ne sont pas systématiquement suivies.
Rachida dans son appartement du XVIe arrondissement à Paris le 15 juin. (Marie ROUGE/Libération)
par Margaret Oheneba et photos Marie Rouge
publié le 17 juin 2021 à 6h57

Quand Rachida ouvre la porte de son 37 mètres carrés, on ne remarque pas tout de suite qu’elle vit dans un deux-pièces insalubre. Les détails apparaissent au fur et à mesure : des fenêtres vétustes qui n’isolent plus, un parquet marqué par les fuites d’eau, la peinture derrière la télévision qui se décolle, un chauffage hors service, une prise électrique qui ne tient presque plus, et surtout une douche inutilisable.

«Ça fait seize ans que j’habite ici», indique Rachida, soutenue par Droit au logement (DAL). Les soucis commencent après une fuite d’eau en 2008 dans la cuisine de son appartement situé dans le très cossu XVIe arrondissement de Paris. «Le syndic a refusé de faire les travaux car ma propriétaire ne payait plus ses charges», commente-t-elle. Après que la fuite s’est propagée jusqu’au deuxième étage, elle a fini par faire appel à une société qui a réparé les colonnes d’eau mais qui l’a laissée avec une cuisine et une salle d’eau en chantier.

«Je prends mes douches chez des amis»

Les travaux inachevés, elle les a financés elle-même sans l’aide de sa propriétaire. Alors depuis 2016, elle ne paye plus son loyer. «Je prends mes douches chez des amis», confie Rachida. Mais après cinq ans, «les gens ne veulent plus me voir chez eux, je les comprends, parce qu’on dépanne pour une semaine, pas pour toute la vie». Parfois, elle va au hammam pour pouvoir se doucher. Elle dit avoir sollicité, en vain, le service communal d’hygiène de sa mairie pour qu’ils déclarent son logement ins