Comme chaque année à l’approche de la date anniversaire des effondrements de la rue d’Aubagne, Ali, 31 ans, a l’impression que l’on s’affaire pour donner à la rue «un coup de propre». Un peu de peinture par ci, quelques tags effacés par là. Juste au-dessus de l’épicerie dont il tient la caisse, des engins de chantier cassent le bitume de la route, là où se tenaient autrefois les numéros 63, 65 et 67 de la rue d’Aubagne, dans le quartier de Noailles, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il y a six ans que les immeubles sont tombés, faisant huit morts, mais cette année, l’anniversaire est un peu plus particulier encore : il coïncide avec le début du procès, très attendu dans la ville, qui s’ouvre jeudi 7 novembre.
Ce 5 novembre 2018, quelque chose a changé à jamais rue d’Aubagne. Dans les mois qui ont suivi le drame, les arrêtés de périls se sont multipliés, le haut de la rue s’est vidé. Pour les habitants ont commencé des années d’errance : la galère du relogement, le quotidien à l’hôtel, toute une vie qu’on a laissé derrière soi, l’insécurité grimpante dans un quartier vidé de ses habitants et le trauma incarné par ce grand vide au milieu de la rue que l’on a surnommé la «dent creuse», le te