Peu importe leur parcours professionnel ou ce qui les a amenés à solliciter l’aide de l’Espace solidarité habitat (ESH) de la Fondation Abbé-Pierre, dans le XXe arrondissement de Paris, tous ont un point commun : une pochette de documents sous le bras, plus ou moins bien ordonnés ou complets. Quittances de loyer, avis d’imposition, attestations de la CAF, pièces d’identité, etc. des papiers indispensables pour que les juristes puissent les conseiller au mieux. Car dans quelques semaines et jusqu’au 31 octobre, les expulsions pourront reprendre, après un répit accordé aux ménages précaires en raison de la crise du Covid, pour la deuxième année consécutive.
Ce jeudi matin, la première personne que reçoit Emile, juriste qui intervient à l’ESH, a préparé tous ces documents méticuleusement. Pour ceux qu’il n’a pas, et dont le notifie Emile, il a prévu un post-it sur lequel il fait une liste. L’homme, col roulé beige, n’a pas l’air de quelqu’un qui a du mal à régler son loyer. Et pourtant, ce Parisien est l’une des victimes de la pandémie du Covid-19 et des fermetures d’établissement qui en ont découlé. Travaillant dans l’hôtellerie, il n’a désormais plus de salaire. Avec son mari, ils ont «fait pendant quatre ou cinq mois avec les réserves [d’argent]. Puis les réserves, il n’y en a plus». Depuis quelque temps, il a cessé de payer son propriét