Adama ne lâche pas la main de Mustapha (1). Le garçonnet de bientôt 5 ans, vêtu d’un survêtement du Paris-Saint-Germain, ne quitte pas non plus son doudou, une grande peluche de rastafari baptisée Naruto, qu’il trimballe du bout des tresses. Ce quartier de la bibliothèque François-Mitterrand (BNF) à Paris, à quelques pas de la station du RER C, Adama le connaît bien. En ce mercredi d’automne, son jour de congé hebdomadaire, elle se promène avec son fils. En arrivant devant les larges tours de la bibliothèque, Mustapha reconnaît le cinéma et demande à sa mère s’ils peuvent aller voir un film. Il y a encore quelques mois, ils y allaient ensemble de temps en temps. Les deux vivent actuellement dans un centre d’hébergement d’urgence de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Mais, depuis cet été, ils ont connu plus d’une dizaine de toits différents.
Une vie bringuebalée
Adama a de longs cheveux bruns, une veste kaki et tient contre elle un sac noir avec des motifs en sequin. A 42 ans, elle n’a jamais été aussi fatiguée. La faute à un été passé à courir l’Ile-de-France à la recherche d’une solution. Pendant trois ans, elle a vécu avec son petit garçon dans un hôtel à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). En juin dernier, elle reçoit un courrier du département, la sommant de quitter son logement car elle n’est plus prise en charge par le pôle enfance solidarités, son enfant ayant dépassé l’âge de 3 ans requis pour bénéficier d’un hébergement. «On m’a laissé jusqu’au 11 juillet avant de devoir partir. Mon assistante