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Libération
Témoignage

Hébergement d’urgence : «Maman, c’est sûr qu’on va dormir dehors ce soir»

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A quelques jours de devoir quitter son hébergement d’urgence, Adama raconte à «Libération» ses derniers mois passés avec son fils, à bouger de ville en ville, sans savoir où passer la nuit. Comme elle, au moins 6 000 personnes appellent chaque jour le 115, sans forcément obtenir de réponse positive.
Adama, 42 ans, et son fils Mustapha, 5 ans, sur l'esplanade de la Bibliothèque nationale de France à Paris, le 26 octobre. (Albert Facelly/Libération)
publié le 1er novembre 2022 à 10h30

Adama ne lâche pas la main de Mustapha (1). Le garçonnet de bientôt 5 ans, vêtu d’un survêtement du Paris-Saint-Germain, ne quitte pas non plus son doudou, une grande peluche de rastafari baptisée Naruto, qu’il trimballe du bout des tresses. Ce quartier de la bibliothèque François-Mitterrand (BNF) à Paris, à quelques pas de la station du RER C, Adama le connaît bien. En ce mercredi d’automne, son jour de congé hebdomadaire, elle se promène avec son fils. En arrivant devant les larges tours de la bibliothèque, Mustapha reconnaît le cinéma et demande à sa mère s’ils peuvent aller voir un film. Il y a encore quelques mois, ils y allaient ensemble de temps en temps. Les deux vivent actuellement dans un centre d’hébergement d’urgence de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Mais, depuis cet été, ils ont connu plus d’une dizaine de toits différents.

Une vie bringuebalée

Adama a de longs cheveux bruns, une veste kaki et tient contre elle un sac noir avec des motifs en sequin. A 42 ans, elle n’a jamais été aussi fatiguée. La faute à un été passé à courir l’Ile-de-France à la recherche d’une solution. Pendant trois ans, elle a vécu avec son petit garçon dans un hôtel à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). En juin dernier, elle reçoit un courrier du département, la sommant de quitter son logement car elle n’est plus prise en charge par le pôle enfance solidarités, son enfant ayant dépassé l’âge de 3 ans requis pour bénéficier d’un hébergement. «On m’a laissé jusqu’au 11 juillet avant de devoir partir. Mon assistante