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Espaces désertés

Immobilier : 2 millions de mètres carrés de bureaux «en friche» pourraient loger 53 000 personnes en France

Crise du logementdossier
Dans une évaluation publiée ce lundi 9 décembre, un observatoire, le Consortium des bureaux en France, a révélé que des millions de mètres carrés de locaux destinés aux usages professionnels sont inoccupés sur tout le territoire.
En Ile-de-France, il y aurait 1,2 million de mètres carrés de bureaux vides et délabrés transformables en logements. (Simon Lambert/Haytham. REA)
publié le 9 décembre 2024 à 12h47
(mis à jour le 9 décembre 2024 à 18h58)

Un constat accablant pour le parc immobilier français en pleine crise du logement. En France, il y aurait 2 millions de mètres carrés de bureaux en état de «friche», selon les calculs du Consortium des bureaux en France (CBF) rendus publics ce lundi 9 décembre dans une évaluation plus large sur les surfaces de bureaux. L’état de «friche», précise le CBF – dont l’objectif est de mieux connaître le parc de bureaux en France et d’identifier des opportunités de transformations – désigne tous les «immeubles de plus de 1 000 mètres carrés entièrement vides depuis plus de deux ans et sans projet». L’observatoire l’affirme, ces surfaces inoccupées «pourraient loger près de 53 000 habitants à horizon cinq ans s’ils étaient transformés en logements».

L’observatoire, créé en avril 2023 par «La place de l’immobilier», spécialiste des données immobilière, ainsi que le promoteur «Linkcity», filiale de Bouygues Construction, et «Foncière de transformation immobilière», filiale du groupe Action Logement – organisme paritaire qui gère plus d’1 millions de logements –, a puisé dans les données publiques pour réaliser ce recensement. Il révèle que sur un total de 173 millions de mètres carrés de surface de bureaux dans le pays, plus de la moitié est louée par des propriétaires non occupants et 9 millions de mètres carrés sont vacants, dont 2 millions en état de friche, donc.

Rien qu’en Ile-de-France, il y aurait 1,2 million de mètres carrés de bureaux vides et délabrés, notamment à Nanterre, où se trouve une partie du quartier d’affaires de la Défense, ou encore dans des arrondissements centraux de Paris (VIIIe et IXe notamment). Le centre-ville de Lille habiterait lui aussi des espaces inexploités, transformables en logements.

3,1 millions de logements vacants en janvier 2024, selon l’Insee

Dans un contexte de crise du logement qui s’aggrave ces dernières années, avec un besoin de construction de logements sociaux toujours plus fort, les possibilités de transformation de ces bureaux sont nombreuses. Fin juin 2024, l’Union sociale pour l’habitat (USH) a recensé 2,7 millions de demandes, contre 2,6 millions en 2023 : soit une hausse de 100 000 demandeurs en six mois.

Mais en attendant la rénovation de ces bureaux vides, il existe des solutions immédiates, comme la réquisition des habitations vacantes. En janvier 2024, l’Insee en avait dénombré 3,1 millions, soit une hausse de 60 % depuis 1990. Pour aller plus loin, le député Stéphane Viry (LIOT) a déposé le 17 septembre 2024 une proposition de loi visant à simplifier les procédures d’expropriation des logements vacants par les communes.

Avant lui, le 11 janvier 2024, le sénateur communiste Sénat Ian Brossat avait déposé une proposition de loi pour notamment confier aux maires la possibilité de réquisitionner les logements «vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés depuis plus de six mois», un pouvoir jusqu’ici réservé à l’Etat. Si le cadre législatif actuel permet aux mairies de saisir des friches publiques, «la proposition de loi déposée en janvier permettrait également d’agir sur des immeubles privés», souligne Ian Brossat auprès de Libération.

«Personne ne peut accepter qu’on ait autant de matières vides et qu’en même temps autant de personnes dorment dehors», déplore le sénateur de Paris. Et de fustiger l’inaction de l’exécutif, qui a pourtant «la possibilité de réquisitionner des locaux vides» mais qui n’agit pas, par «manque de volonté politique».

Mis à jour : à 18 h 30, ajout des déclarations de Ian Brossat.