Menu
Libération
Reportage

«Je n’avais pas d’autres options pour me loger, alors j’ai signé» : en Guadeloupe, l’écrasant prix des loyers

Article réservé aux abonnés
De Sainte-Anne aux Abymes, les loyers, très élevés au regard du revenu médian, mettent en difficulté les Guadeloupéens, pris en étau entre les nombreuses locations saisonnières et les primes de vie chère des fonctionnaires qui participent à creuser les inégalités.
Jack, orthopédiste, loue avec sa famille, qui vit sur son seul salaire de 3000 euros, un 110m2 pour 1340 euros par mois. A Sainte-Anne, le 7 juin 2025. (Sandrine Gueymard/Hans Lucas pour Libération)
par Ludovic Clerima, correspondant en Guadeloupe
publié le 24 juin 2025 à 16h52

Il faut arpenter un gros morne, dangereux par temps de pluie, pour parvenir jusqu’à la villa de Sidjy (1), aux Abymes. Ou plutôt, le bas de la villa dans laquelle elle réside. En Guadeloupe, de nombreuses maisons sont ainsi divisées en deux, permettant aux propriétaires d’y vivre tout en louant une partie ou de profiter d’un double loyer en mettant sur le marché locatif le haut et le bas du logement. «Je paye 700 euros par mois pour 40 m², ce qui est cher compte tenu des problèmes que comporte l’appartement», indique la jeune femme de 23 ans.

Faute de citerne, elle subit les trois à quatre coupures d’eau par semaine dans son quartier, et se douche la plupart du temps à la bouteille d’eau. Sur son mur, des fissures au niveau du plafond se font jour. «Je fais laver mon linge chez mes parents et, faute de raccordement, je ne peux pas avoir la fibre ou une box ADSL chez moi. Les deux pieds de banane du jardin attirent des scolopendres un peu partout dans la maison. J’aimerais déménager, mais je ne gagne que 1 400 euros par mois et je ne trouve rien de plus accessible.»

Le marché n’est pas plus abordable à la lisière des Grands Fonds des Abymes, où se déploie une nature luxuriante, loin du centre-ville. Virginie, qui vit en Guadeloupe depuis trente-cinq ans, réside aussi dans un bas de villa. Sur le chemin qui mène à son logement de 45 m², les poules courent à toute vitesse. Serveuse, elle gagne 1 400 euros par mois et paye 830 euros de loyer : «Au départ, le prix