La pause ne sera donc que de quelques mois et le sujet a été l’occasion d’une belle cacophonie au sein de l’exécutif. Le 4 juin, le ministre de l’Economie annonçait la suspension du dispositif d’aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov. Le 7 juin, Emmanuel Macron, fustigeait les «incertitudes sur les dispositifs mis en place». Finalement, ce mardi 10 juin, Amélie de Montchalin promet un redémarrage dès le 15 septembre prochain, le temps d’identifier les dossiers frauduleux.
«Le président de la République a cent fois raison de dire que c’est une politique nécessaire. Mais il a tellement raison que c’est aussi cent fois plus intolérable» d’avoir de la «fraude massive», a déclaré la ministre des Comptes publics sur RTL. Concrètement, les propriétaires de logements pourront déposer leur dossier de demande d’aide «jusqu’à la fin du mois de juin», a-t-elle poursuivi, avant la suspension de MaPrimeRénov prévue au 1er juillet.
«En juillet, août et début septembre, nous allons faire une revue totale : tous les dossiers des honnêtes gens qui ont été déposés seront payés, tous les dossiers des fraudeurs seront exclus», a-t-elle expliqué, soulignant qu’il ne s’agissait pas d’«économies de bouts de chandelle». «Cela nous permettra au 15 septembre de rouvrir le guichet et d’allouer 100 % des fonds qui sont dans cette politique publique à l’usage des personnes honnêtes», a-t-elle précisé.
«Un dossier sur dix est frauduleux»
Le gouvernement avait annoncé la semaine dernière la fermeture temporaire du guichet de dépôt des dossiers de demande d’aide MaPrimeRénov pour les rénovations énergétiques globales et les travaux d’isolation et de remplacement de chaudière ponctuels. La ministre du Logement, Valérie Létard, avait également indiqué vouloir «changer les règles» du dispositif applicable, prévoyant alors sa réouverture «d’ici à la fin du mois de septembre». Mal déployé depuis 2020, le système semble avoir trouvé son public en 2025. Au premier trimestre, le nombre de logements ayant fait l’objet d’une rénovation d’ampleur subventionnée par l’Etat avait triplé, par rapport à la même période l’année dernière, selon des chiffres de l’Agence nationale de l’habitat.
Dimanche, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, avait répondu aux critiques l’accusant de recul environnemental, en affirmant que l’écologie demeurait «une priorité absolue» pour le gouvernement et que la suspension de MaPrimeRénov n’était pas motivée par des «arrière-pensées budgétaires». Le dispositif est doté d’un budget de 3,6 milliards d’euros et «si jamais la demande est supérieure, on adaptera», avait-il ajouté, soulignant par ailleurs qu’actuellement, «un dossier sur dix est un dossier frauduleux».