C’est un cas emblématique de la gangrène de l’habitat indigne à Marseille. Gérard Gallas, ex-flic devenu marchand de sommeil, a été condamné à cinq ans de prison, dont quatre ferme, ce mercredi 24 janvier par le tribunal correctionnel de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Lors du procès de cet homme, ouvert le 13 novembre dernier, le parquet avait qualifié Gérard Gallas de «mégalomane cupide» et l’avait accusé d’avoir «industrialisé» la location de taudis dans son réquisitoire à l’automne, avant de demander quatre ans de prison ferme. Une peine plus faible que celle qui a finalement été rendue par le tribunal à l’encontre de l’ancien policier.
Ali Faissoili Aliani, l’«homme de main» de Gérard Gallas, a quant à lui été condamné à une peine de quatre ans de prison ferme avec mandat d’arrêt. Il avait été absent durant tout le procès en novembre, au cours duquel il avait été présenté comme un «factotum zélé qui n’hésitait pas à faire le coup de poing contre les mauvais payeurs».
Interview
Les deux hommes ont également été condamnés à de lourdes amendes, de 75 000 euros pour l’ancien policier au centre de rétention administrative de Marseille et de 45 000 euros pour son ancien bras droit.
Le tribunal a par ailleurs eu la main lourde au niveau des peines complémentaires : confiscation définitive de deux immeubles détenus par le prévenu via des sociétés civiles immobilières (SCI), confiscation de 220 000 euros saisis sur une assurance-vie à son nom, et 300 000 euros de dommages et intérêts au total pour les nombreuses parties civiles, dont la ville de Marseille.
«Conditions de vie effroyables»
Dans son jugement, le tribunal a estimé que Gérard Gallas avait soumis des personnes vulnérables à «des conditions de vie effroyables, dans des espaces confinés et insalubres, avec des risques majeurs pour leur santé et leur sécurité». «La qualité d’ancien policier de Gérard Gallas, connue d’un grand nombre de locataires, n’est pas anodine», a également souligné le tribunal dans son délibéré.
Dénonçant la «stratégie délibérée» mise en œuvre par Gérard Gallas entre 2019 et 2021, le procureur avait souligné lors de son réquisitoire «le choix délibéré» du prévenu «d’acheter des immeubles à bas prix dans des quartiers pauvres et de cibler des locataires vulnérables» : «On n’est pas dans une infraction d’ordre administratif, mais dans une infraction pénale : l’atteinte à la dignité humaine», avait insisté le magistrat.
En tout, en son nom propre ou via ses SCI, Gérard Gallas, 50 ans, possédait une centaine d’appartements dans une dizaine d’immeubles à Marseille. Mais ce procès ne concernait que les appartements dans quatre de ces bâtiments. Ces 72 logements, parfois aménagés dans des caves, étaient loués jusqu’à 600 euros, essentiellement à des étrangers en situation précaire, souvent avec des enfants mineurs.