Ce jeudi matin, cours Belsunce en plein centre-ville de Marseille, les passants calfeutrés sous leur doudoune accélèrent le pas, regard sur leurs pieds pour ne pas prendre l’air glacé de face. Pas un coup d’œil sur l’élégante façade de la bibliothèque de l’Alcazar. Sous une voûte voisine de l’entrée, quelqu’un a calé un matelas souillé sur une palette de bois. Quelques vêtements épars traînent sous une couverture fatiguée, des barquettes de nourriture, deux bouteilles d’eau entamées. Le campement est toujours là, mais il n’est plus à personne. Deux nuits plus tôt, alors que les températures avaient dégringolé jusqu’à -3° degrés, les marins-pompiers sont intervenus sur place, à 23h55 selon leur rapport, auprès d’un sexagénaire allongé sur le matelas. La rigidité cadavérique était déjà installée, ils n’ont rien pu faire.
Un peu plus tard la même nuit, à 4h42, les mêmes marins-pompiers ont pris en charge un homme d’une soixantaine d’années en arrêt cardiaque dans la gare Saint-Charles, non loin de Belsunce. Le médecin du Smur n’a pas réussi à le ranimer. Lui aussi était sans domicile, originaire des Hauts-de-Seine, indiquent seulement les secours. Victimes de la rue, probablement du froid, même si comme pour chaque personne retrouvée sans vie sur la voie publique, une enquête est ouverte pour rechercher les causes de leur mort.
«Gale et problème pulmonaire»
«Monsieur N.», l’homme de la bibliothèque l’Alcazar, était suivi depuis plusieurs années par les équipes du Samu social, raconte la directrice de l