La nouvelle mérite d’être remarquée, même si elle ne devrait pas entraîner de ruée sur la pierre de taille parisienne, tant le prix du mètre carré reste élevé : 9 758 euros à l’achat dans l’ancien, contre 10 348 euros au 1er janvier 2022, selon les chiffres publiés ce mercredi par le réseau d’agences immobilières Century 21, l’un des principaux réseaux français avec Orpi, qui a des données similaires. Cela faisait trois ans que le seuil symbolique des 10 000 euros le mètre carré n’avait pas été franchi à la baisse dans la capitale.
Détente bienvenue
Sur un an, le nombre de transactions parisiennes a reculé de 2,3 % et le prix moyen au mètre carré de 5,7 %, selon Century 21. On est loin du krach mais cette détente est bienvenue en ce qu’elle va contribuer à «resolvabiliser» les acquéreurs, comme on dit dans le jargon immobilier, c’est-à-dire à leur rendre un peu de pouvoir d’achat. «Autre fait notable, les délais de vente n’ont jamais été aussi longs à Paris. En un an, ils se sont allongés de 15 jours pour atteindre 96 jours en moyenne en septembre 2022», note le réseau dans un communiqué. Les acheteurs prennent le temps car ils anticipent une baisse du marché, baisse qu’ils contribuent, par un mécanisme autoréalisateur bien connu, à provoquer.
Joint par Libération, Charles Marinakis, président de Century 21 France, explique cette baisse par «le taux d’usure, le coût de l’énergie et la désaffection pour la vie parisienne», qui profite à «la grande couronne et aux métropoles provinciales». D’ailleurs, l’appétence pour les maisons reste forte en France, où le prix moyen au mètre carré continue de progresser de 4,8 % depuis le début de l’année (à 2 600 euros le mètre carré en moyenne, soit un quart du prix parisien !).
Nouvelle hausse attendue le 1er janvier
Concernant le premier facteur, le taux d’usure (soit le taux maximal auquel les banques ont le droit de prêter, une contrainte réglementaire destinée à protéger l’emprunteur), «en temps normal, 2 % de nos ventes sont annulées parce que le ménage n’a pas obtenu son crédit ; aujourd’hui c’est le double», souligne Charles Marinakis. Ce taux plafond, révisé tous les trois mois par la Banque de France, est en train de remonter : il est passé à 3,03 % début octobre (pour un prêt sur 20 ans) et une nouvelle hausse est attendue le 1er janvier.
Selon Century 21, la baisse des transactions est plus marquée dans l’investissement locatif (-12,6 % sur un an). «Les investisseurs sont contrariés par le plafonnement des loyers, les permis de louer et les audits énergétiques», désormais obligatoires, et de plus en plus scrutés dans la perspective de l’interdiction de location des passoires thermiques à partir de 2023, avance le président du réseau. En outre, «avec le Covid, le marché parisien a perdu sa dimension internationale, il est devenu franco-français». Mais plus pour longtemps : «Les investisseurs de la zone dollars sont en train de revenir car on est quasiment à la parité euro-dollar.» Si bien que le prix au mètre carré devrait «repasser au-dessus des 10 000 euros dans les 18 mois qui viennent», pronostique Charles Marinakis. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle.