Menu
Libération
Environnement

Le nombre de passoires énergétiques en recul de 7% sur un an

Le nombre de logements considérés comme des passoires énergétiques en France est estimé à 6,6 millions au 1er janvier 2023 contre 7,1 millions en 2022 selon le bilan annuel de l’Observatoire national de la rénovation énergétique.
Au 1er janvier, 6,6 millions des logements en France sont qualifiés de passoires énergétiques. (ideabug/Getty Images)
publié le 27 novembre 2023 à 15h55

Le nombre de logements considérés comme des passoires énergétiques est en baisse. Au total, «sur les 37 millions de logements de l’ensemble du parc français, le nombre de passoires énergétiques au 1er janvier 2023 est estimé à 6,6 millions (17,8 % du parc) contre 7,1 millions (19,5 %) en 2022, soit une baisse de 7 %», selon le bilan annuel de l’observatoire de la rénovation énergétique (ONRE), mis en ligne le 20 novembre.

Sont considérés comme passoires énergétiques ou thermiques des logements qui sont notés «F» ou «G» dans les diagnostics de performance énergétiques (DPE). Ce diagnostic, créé en 2006, rénové en 2021 et dont la notation varie entre A et G, évalue la consommation d’énergie d’un logement ou d’un bâtiment, son impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre et ses caractéristiques énergétiques (qualité de l’isolation, type de fenêtres, système de chauffage…). Les bâtiments classés F ou G le sont pour la plupart du temps en raison d’un défaut d’isolation ou d’un chauffage fonctionnant aux énergies fossiles (fioul), fortement émissif de CO2.

Le social moins énergivore que le privé

Sur les 30 millions de résidences principales au 1er janvier 2023, environ 1,8 million de logements (6 % du parc) seraient peu énergivores (étiquettes A et B du DPE). A l’opposé, environ 4,8 millions de logements (soit 15,7 % du parc de résidences principales) seraient des «passoires énergétiques» (étiquettes F et G du DPE). L’étiquette D concerne un tiers des logements, tandis que les étiquettes C et E représentent respectivement 24 % et 21 % du parc.

En moyenne, le parc locatif social est moins énergivore que le parc locatif privé. L’étiquette F ou G a été collée sur 8,7 % du parc locatif social. Dans le privé, en revanche, 18,5 % des logements placés en location privée sont ainsi classés «F» ou «G», tout comme 16,5 % des logements occupés par leurs propriétaires.

Ile-de-France dans la «situation la plus défavorable»

Par régions, avec 21,7 % de passoires énergétiques et 47,5 % de logements classés de E à G parmi les résidences principales, l’Ile-de-France «présente la situation la plus défavorable». L’ONRE explique notamment ce taux par la part importante des logements de petite taille dans la région (43 % de logements de moins de 60 m², contre 27 % en moyenne), qui représentent une part importante des passoires (31,3 % pour les moins de 30 m², 19,7 % entre 30 et 60 m²).

D’une part ces petits logements sont très souvent chauffés à l’électricité, un mode de chauffage qui vient plomber le DPE (la consommation d’électricité est multipliée par 2,3 par rapport au gaz dans le calcul de la consommation énergétique). D’autre part, depuis 2021 et sa réforme de calcul, le DPE prend en compte la consommation théorique en eau chaude sanitaire. Mais celle-ci est répartie au prorata de la surface du logement et non du nombre d’habitants, ce qui conduit mécaniquement à pénaliser les petites surfaces.

Des chiffres à nuancer

Si cette baisse du nombre de passoires énergétiques ne peut que réjouir le ministère de la Transition écologique, qui en a fait un de ses chevaux de bataille, le calcul du DPE fait encore et toujours froncer quelques sourcils. Le diagnostic est parfois à côté de la plaque, avec parfois jusqu’à trois classes d’écart entre la consommation énergétique réelle du bien et sa classification théorique.

Mais pour les millions de locataires qui vivent encore dans ces logements passoires, un véritable problème se pose. Bientôt leurs logements ne seront plus disponibles à la location s’ils ne sont pas rénovés. La loi climat et résilience, promulguée le 24 août 2021, prévoit l’interdiction à la location dès le 1er janvier 2025 des logements classés «G», en 2028 de ceux classés «F» et en 2034 de ceux classés «E» par le nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE).

Si l’objectif est louable, inciter la rénovation énergétique des habitations pour les rendre moins gourmandes en énergie, il risque donc de pénaliser les locataires. A Rennes notamment où, selon un rapport mandaté par la mairie, «71 % des logements privés du centre ancien sont des passoires énergétiques qui ne pourront plus être louées d’ici janvier 2034″ en l’état actuel, en application de la loi climat. Environ 21 000 personnes y habitent, dont seulement 14 % de propriétaires occupants».

Le président de la Confédération nationale du logement, Eddie Jacquemart, expliquait déjà en septembre, alors que Bruno Le Maire rétropédalait dans la semoule considérant le calendrier d’interdiction «pas tenable», qu’une interdiction en janvier 2025 de la mise en location des logements G allait faire sortir des centaines de milliers de logements du parc locatif alors que ce dernier est déjà en tension. Au risque qu’une bonne partie d’entre eux se retrouvent en location sur Airbnb et autres plateformes de location de courte durée, ou qu’ils soient «vendus à des marchands de sommeil» qui les loueraient ensuite au noir.