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Habitat

Près des deux tiers des logements sociaux menacés par les fortes chaleurs

Une étude publiée ce mercredi révèle que sur les 2,24 millions de logements analysés, 1,44 million sont déjà exposés à des températures trop élevées.

A Marseille, les habitants des quartiers populaires désertent les rues pendant la canicule de l'été 2020. (Theo Giacometti/Hans Lucas. AFP)
Publié le 24/09/2025 à 17h38

En hiver des passoires, en été des bouilloires. Près des deux tiers (64 %) du parc actuel de logements sociaux sont exposés au risque de fortes chaleurs, selon une étude publiée ce mercredi 24 septembre par la Fédération nationale des offices publics de l’habitat (FOPH) et la Banque des territoires, à l’occasion du congrès HLM. Les auteurs soulignent également que près de la moitié (46 %) de ces logements font face à au moins un risque climatique.

3700 morts liés à la chaleur l’été 2024

Sur les 2,24 millions de logements analysés dans l’étude, 1,44 million sont déjà exposés aux fortes chaleurs. Une température trop élevée rend vite un logement insupportable : «Si l’impact de la chaleur sur le bâti en lui-même reste limité, les conditions de vie des occupants en sont fortement dégradées», notent les auteurs, «en particulier pour les seniors». Le nombre de morts liés à la chaleur de l’été 2024 est évalué à 3 700, dont 75 % chez les 75 ans et plus.

En dépit de la mention de l’enjeu de la chaleur dans les logements dans le dernier Plan national d’adaptation au changement climatique en date, il n’existe aujourd’hui aucun cadre législatif contraignant. 42 % des Français déclarent pourtant avoir souffert de trop hautes températures dans leur logement l’an dernier, d’après une étude de la Fondation pour le logement des défavorisés publiée le 21 août. L’association appelle à des mesures urgentes : «Sans action politique forte, et avec l’accélération des vagues de chaleur dans les années à venir, le phénomène de précarité énergétique d’été va nécessairement s’aggraver».

Autre risque naturel, le retrait-gonflement des argiles, phénomène de mouvement du sol lors de l’alternance entre périodes sèches et humides, concerne 14 % des logements sociaux individuels, et potentiellement 58 % d’ici à 2 100. L’impact sur les bâtiments peut être considérable, avec notamment l’apparition de fissures sur les murs ou la distorsion des portes et fenêtres. Les inondations, feux de forêt, tempêtes et recul du trait de côte concernent également déjà «plusieurs milliers de logements dans certains territoires», avec 163 000 logements déjà exposés aux crues de cours d’eau et 188 000 aux remontées de nappes phréatiques.

Les bailleurs sur le fil

L’équation financière est toutefois délicate pour les bailleurs, pris entre l’objectif de construction de 100 000 nouveaux logements sociaux par an et l’impératif de rénovation énergétique pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2 050. Selon une étude de la Banque des territoires publiée le 11 septembre, ils n’ont pas les capacités d’investissement suffisantes pour affronter ces deux défis.

Parmi les recommandations formulées pour les bailleurs, les auteurs préconisent de réaliser des diagnostics d’exposition et de vulnérabilité, de s’appuyer sur les locataires pour identifier les bâtiments les plus vulnérables ou encore de mettre en place des procédures de gestion de crise en cas d’événements climatiques majeurs.