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Libération
Reportage

Réfugiés ukrainiens à Paris: dans un gymnase, des bulles d’intimité en tissu et carton

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
L’architecte japonais Shigeru Ban, prix Pritzker 2014, a aménagé ses fameuses structures d’hébergement d’urgence faites de tubes de carton dans deux gymnases de la capitale accueillant des réfugiés ukrainiens en transit, afin de leur offrir un espace privatif, soustrait aux regards.
Au gymnase Marie-Paradis, dans le Xe arrondissement de Paris, le 24 mars. (VAN and Shigeru Ban Architects)
publié le 24 mars 2022 à 22h19

«Quand on est arrivés mardi dans le gymnase, il n’y avait aucune séparation, juste des lits de camp en rangs d’oignon. Sous les lits, les réfugiés avaient rangé leurs valises. En deux jours et demi, on a installé le système et, maintenant, les gens ont un espace à eux, de l’intimité», témoigne Clara, 21 ans. Etudiante à l’Ecole nationale d’architecture de Versailles, elle fait partie de la dizaine de volontaires qui ont aménagé le gymnase Marie-Paradis, près de la gare de l’Est, dans le Xe arrondissement. Emboîter les tubes en carton est un jeu d’enfant. «Le plus long a été de découper le tissu», dit sa camarade Juliette, en salopette bleu de travail. Jeudi matin, elle finissait d’accrocher avec des épingles à nourrice les rideaux qui cloisonnent chacune des 41 «chambres» de 2 m², où les femmes et les enfants qui défilent dans le gymnase réquisitionné par la mairie de Paris début mars peuvent désormais se reposer à l’abri des regards, une, deux ou trois nuits, avant de repartir vers le sud de l’Europe.

Comme dans celui de la gare de Lyon, les étudiants ont suivi les instructions de Shigeru Ban, inventeur du système PPS («Paper Partition System»). Ban, conseiller du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), a expérimenté ce système ingénieux, qui permet de compartimenter facilement un hangar, un entrepôt ou un gymnase, pour la première fois au Japo