Au-dessus du périphérique, un vent glacial souffle et serre la mâchoire comme si les trottoirs glissants ne suffisaient pas déjà. Il faut traverser le XIIe arrondissement de Paris pour arriver au centre d’accueil historique du Samu social de la capitale. Il s’agit de l’ancien hospice Saint-Michel, un beau bâtiment de la fin du XIXe siècle que l’organisation occupe depuis 1996. «Les lieux n’ont donc pas changé de vocation : ils servent toujours à accueillir ceux qui sont dans le besoin», souligne Matthieu Mirta, responsable du site. Ici, les personnes sans domicile fixe trouvent de tout : des douches, des casiers, mais aussi une assistance médicale et juridique pour ne pas s’enfoncer dans l’exclusion.
Dans la grande cour blanche de neige on se rassemble autour d’un café qui fume sous le ciel bleu. Seuls quelques coups de pelle viennent troubler une chanson de Bob Marley. Pour profiter de vrais radiateurs, il y a aussi un barnum de 120 m², qui trône en plein milieu du jardin depuis l’automne. «On l’a installé à cause de la crise sanitaire et des règles de distanciation sociale, on ne pouvait plus accueillir suffisamment de monde à l’intérieur», explique Matthieu Mirta.
«Pas plus de monde que d’habitude»
A l’intérieur, plusieurs personnes se réchauffent, l’air las, comme Basile, un Polonais de 46 ans qui a passé la nuit sous une tente. «C’était horrible, il a fait très froid, j’ai les baskets trempées, le pantalon aussi», dit-il avant de montrer ses mains, encore rougies par cette nuit