Politique frictions
Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libé» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.
Pawel ne fait pas de politique politicienne. Son indice à lui, c’est le prix. Son exemple préféré, c’est le croissant. «Dans certaines boulangeries, il coûte jusqu’à 1,80 euro. En 2000, je payais 30 ou 50 centimes, expose-t-il. C’est le gouvernement qui crée cette misère. Ce sont tous des voleurs.» Alors Pawel ne vote plus. Sans domicile, il attend la soupe populaire à Nice (Alpes-Maritimes) ce vendredi soir de juin. La distribution est planquée derrière l’immense immeuble qui sert à la fois de parking, de patinoire et de piscine. Les bus de voyage manœuvrent le long du trottoir et les voitures rembrayent à la sortie de la voie rapide. C’est ici qu’une centaine de personnes – majoritairement des hommes – reçoivent un repas chaud. Il y a des jeunes déjà dans la misère, des migrants, une famille avec poussette, des quinquas qui ont tout perdu. Surtout foi en la politique.
Episode 3
Le soir de l’élection européenne et de l’annonce de la dissolution, Pawel était devant la télé de ce centre social. Il affirme avoir entendu «exactement les mêmes phrases qu’en 2002» : «Ils sont tous contre la vie chère et pour le pouvoir d’achat. Mais rien n’a changé, constate ce Polonais. Le prix du pain et du beurre a aussi augmenté.» Pawel se fait couper la parole pour la troisième fois. C’est Didi