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Destructions

L’Ouragan Béryl, relevé en catégorie 5, coupe des îles antillaises du reste du monde

Ce monstre de vent a touché lundi 1er juillet l’île de Carriacou, qui fait partie de la Grenade, avec des vents allant jusqu’à 240 km/h. Qualifié d’«extrêmement dangereux», l’ouragan a fait un mort à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Il atteindra la Jamaïque mercredi.
Des pêcheurs ramènent un bateau endommagé par l'ouragan Beryl à quai au Bridgetown Fisheries à la Barbade, lundi 1er juillet 2024. (Ricardo Mazalan/AP)
publié le 1er juillet 2024 à 11h10
(mis à jour le 2 juillet 2024 à 13h45)

Désolation et destruction. L’ouragan Béryl, qualifié d’«extrêmement dangereux» par le Centre national des ouragans (NHC) à Miami aux Etats-Unis, a balayé les îles paradisiaques des Antilles lundi. Classé en catégorie 5, la plus haute sur l’échelle de Saffir-Simpson, utilisée pour décrire l’intensité des tempêtes, Béryl «gagne encore en intensité», alerte ce mardi 2 juillet le NHC. Les vents se sont renforcés pour atteindre près de 270 km/h.

Dans l’archipel anglophone de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, l’ouragan a fait au moins un mort. «En une demi-heure, Carriacou a été rasée», a aussi affirmé lundi Dickon Mitchell, le Premier ministre de la Grenade, une île voisine, ajoutant ne pas pouvoir annoncer «avec certitude que personne n’ait été blessé ou tué». Les autorités s’attendent également à des dégâts «extrêmes» sur l’île de la Petite Martinique. Des vidéos de Saint-Georges, la capitale de la Grenade, montre des pluies torrentielles et des vents violents. Des arbres ont été brisés, des bateaux coulés et des bâtiments arrachés. L’ouragan a aussi coupé l’électricité dans plusieurs îles, interrompant les communications avec le reste du monde.

Comme en Martinique, où 10 000 personnes ont été privées de courant dans différentes communes, selon EDF. L’état d’urgence a été déclaré sur l’île de Tobago, deuxième île et attraction touristique de l’archipel de Trinité-et-Tobago. Toutes les écoles y étaient fermées lundi et elles «le resteront jusqu’à nouvel ordre», a rappelé le chef de l’exécutif de l’île, Farley Augustine. Une réunion de la Communauté caribéenne (Caricom), prévue cette semaine sur cette île, a également été reportée.

La Barbade échappe au pire

Partout dans les Antilles, les autorités ont exhorté les habitants à se mettre à l’abri. «N’allez nulle part jusqu’à ce que le feu vert soit donné», a ordonné Wilfred Abrahams, le ministre des Affaires publiques de la Barbade. A Grenade, le gouvernement a appelé la population à respecter le couvre-feu. En République dominicaine, les autorités ont quant à elles mis toute la côte sud en alerte, déconseillant de se rendre sur les plages ou de traverser des cours d’eau.

Avant l’arrivée des rafales à la Barbade, l’île la plus à l’est des Caraïbes, les stations-service et les magasins ont été assaillis par les habitants, faisant des réserves d’essence, des provisions d’eau, de nourriture et d’autres produits de première nécessité. D’autres ont cloué des planches devant leurs fenêtres pour les protéger. Finalement, l’île a échappé au pire. La Première ministre, Mia Mottley, a annoncé qu’au moins 20 bateaux de pêche avaient coulé et qu‘environ 40 maisons avaient subi des dommages structurels. «Cela aurait pu être bien pire pour nous», a-t-elle remarqué.

Selon le Centre national des ouragans, la tempête devrait atteindre la Jamaïque dans des conditions possibles d’ouragan mercredi, faisant probablement monter le niveau de l’eau jusqu’à 1,5 mètre le long de la côte.

Un phénomène climatique de cette échelle est extrêmement rare si tôt dans la saison des ouragans – qui s’étend de début juin à fin novembre. «Seuls cinq ouragans majeurs (de force 3 ou plus) ont été enregistrés dans l’Atlantique avant la première semaine de juillet. Si Béryl devient effectivement un ouragan majeur, ce sera le sixième, et le plus précoce de ceux jamais enregistrés aussi à l’est», expliquait sur X (ex-Twitter) l’expert en ouragans Michael Lowry.

Conséquence directe des températures records de l’océan

Ce phénomène est aussi historique en raison de la rapidité avec lequel il est passé d’une dépression tropicale à un ouragan majeur, c’est-à-dire en seulement 42 heures. C’est l’une des conséquences directes des températures records de l’océan, dont la chaleur est le fuel de ces événements extrêmes. Le changement climatique, induit par les activités humaines, rend plus intenses ces phénomènes météorologiques, aggravant la vulnérabilité des Caraïbes dont les nations sont pourtant peu responsables du réchauffement de la planète.

Beryl est donc une anomalie dans une saison d’ouragan déjà prévue comme «exceptionnelle» par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, prévoyant la possibilité de quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus. «Incroyable ne suffit pas, a écrit sur le réseau social X Noah Bergren, un météorologue américain, estomaqué par les caractéristiques de ce monstre de vent. Ce sera une tempête rapide, mais pendant quelques heures, ce sera tout simplement l’enfer sur terre», prévenait-il.

Mise à jour : ce mardi 2 juillet à 10 h 05, avec les détails du passage de l’ouragan sur l’île de la Grenade et en Martinique ; puis à 13 h 45 avec la personne tuée à Saint-Vincent-et-les-Grenadines.