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Répression

Lutte contre le narcotrafic à Marseille : derrière les rodomontades, une politique publique tenue en échec

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Après une année 2023 marquée par un nombre record de narchomicides, quatre magistrats marseillais interrogés la semaine dernière par les sénateurs de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic ont fait part de leur inquiétude face à l’expansion des réseaux criminels.
A Marseille le 24 octobre 2023, la brigade spécialisée de terrain (BST 14) dans le 13e et 14e arrondissements. (Patrick Gherdoussi/Divergence)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 17 mars 2024 à 6h10

Gérald Darmanin applaudit. «Bravo aux policiers pour ce nouveau coup de filet dans le milieu du narcobanditisme marseillais», a claironné mardi 12 mars 2024 sur X (anciennement Twitter) le ministre de l’Intérieur, relayant un article de CNews. C’est pourtant France Inter qui avait révélé l’information le matin même : treize membres présumés de la «DZ Mafia», l’un des clans les plus actifs dans le trafic de drogue à Marseille, viennent d’être arrêtés grâce à l’action pilotée par l’Office central de la lutte contre la criminalité organisée avec le concours de la police espagnole. Ces dix hommes et trois femmes, âgés de 15 à 25 ans, sont suspectés d’avoir participé, en janvier 2023 en Catalogne, à une tentative d’homicide sur un Marseillais de 43 ans lui-même connu pour trafic de stupéfiants.

Semaine faste pour les enquêteurs. Samedi, le parquet de Marseille annonçait l’arrestation à Casablanca, au Maroc, de Félix Bingui, 33 ans, alias «le chat», chef présumé du clan Yoda. Yoda et la DZ Mafia : pour les autorités, ces deux clans stups rivaux de la cité de la Paternelle, l’une des plus lucratives du trafic marseillais, se livrent depuis quelques mois une sanglante lutte de territoire qui serait à l’origine de près de 80 % des 49 narchomicides survenus en 2023 dans la ville. La violence