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Libération
Reportage

Manifestation pour les Soulèvements de la Terre : «Le combat écologique et antiraciste est commun»

La mobilisation organisée mercredi 28 juin à Paris, initialement en opposition à la dissolution du collectif, a aussi rendu hommage au jeune Nahel, tué lors d’un contrôle de police la veille. Place de la République, les mobilisés se sont unis contre les violences policières.
Dans le rassemblement contre la dissolution des Soulèvements de la Terre place de la République à Paris mercredi, des pancartes et des slogans pour dénoncer la mort de Nahel, tué lors d'un contrôle policier mardi. (Corentin Fohlen/Libération)
par Alexis Pfeiffer
publié le 29 juin 2023 à 9h43

«Je sors de chez la maman de Nahel. Je lui ai promis qu’on crierait tous “pas de justice, pas de paix”», s’exclame, la voix écorchée, la représentante du collectif Rejoignons-nous, Mornia Labssi. Mercredi 28 juin à 19 heures, des centaines de personnes, réunies place de la République pour la mobilisation contre la dissolution des Soulèvements de la Terre (SLT), chantent la formule à l’unisson. Mornia Labssi filme, émue, puis promet qu’elle enverra la vidéo à la mère du jeune adolescent de 17 ans tué par un tir policier lors d’un contrôle routier mardi matin.

L’objectif de la mobilisation est multiple : initialement, il était prévu de s’opposer à la dissolution des SLT, prononcée le 21 juin par le ministre de l’Intérieur, et de protester contre les gardes à vues «abusives» de militants et syndicats écologistes. Mais, depuis mardi, il est aussi question de dénoncer la mort de Nahel.

«On est solidaires»

«Ce rassemblement, c’est pour montrer nos inquiétudes vis-à-vis des dérives policières en général», affirme, entre deux collages d’affiches, Narra, membre des SLT. «Ce qu’il s’est passé montre que cette violence ne concerne pas que nous. On est solidaires», renchérit sa camarade Flower, un pseudo. Les slogans affichés sur les pancartes vont en ce sens : on y pleure la mort de Nahel, on invective l’usine Lafarge (que SLT a prise pour cible en décembre 2022), ou on adresse un message à la mémoire de Zyed et Bouna (morts dans après une course-poursuite avec la police, en 2005 à Clichy-sous-Bois). Régulièrement, des «ACAB» (All Cops Are Bastards, «tous les flics sont des bâtards») fusent, parfois repris en chant par la foule. En fond, émanant d’enceintes disposées sur une camionnette, le morceau de Cut Killer Nique la police.

«Un triste ensemble cohérent»

Discourant tour à tour en contrebas de la fontaine, sur laquelle a été disposé un grand drapeau des SLT, des syndicats et des associations, mais aussi d’autres organisations comme Extinction Rébellion ou Révolution permanente, ont insisté sur la nécessité de revenir sur la dissolution. Avec, à chaque fois, un mot pour Nahel : «Le combat écologique et antiraciste est commun», «il est permis de tuer dans les banlieues, et de brûler la planète.» Une autre manifestante, à qui un membre des SLT clope au bec a distribué une pancarte, sourit : «On est venues parce qu’on est choquées de ce qu’il s’est passé à Sainte-Soline. Et puis, Nahel hier... C’est un triste ensemble cohérent.»

Cheveux et robe vert pomme, Laura estime qu’il ne faut pas dissocier les luttes : «On est dans un truc global, qui s’accélère dangereusement en ce moment.» Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré, mort en 2016 après son interpellation, également présente, a rappelé que la mobilisation continuait ce jeudi à Nanterre, à 14 heures, avec une marche blanche pour Nahel. «J’espère que vous serez nombreux. Tout le monde doit venir», martèle la militante antiraciste. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EE-LV, résume la situation par une formule : «Demain, c’est les soulèvements de Nanterre.»