Dimanche, il bruine sur la barrière anti-émeutes installée devant la sous-préfecture de Corte, ville universitaire et capitale de l’éphémère République corse au XVIIIe siècle. Les premiers participants à la manifestation organisée en soutien à Yvan Colonna, dans le coma depuis son agression à la prison d’Arles le 2 mars, viennent à peine d’atteindre la ligne d’arrivée. Placé en tête de cortège, un homme âgé attrape sa béquille à deux mains et commence à frapper sur les grilles derrières lesquelles sont massés CRS et gendarmes mobiles. Autour de lui, des jeunes gens l’encouragent tandis qu’à l’arrière, la foule reprend le slogan «Statu francese, assassinu» («Etat français, assassin»). Le moment est symbolique, car le vieil homme aux cheveux blancs, c’est Pierrot Susini, militant nationaliste de la première heure, membre du commando qui avait pris d’assaut la cave viticole Depeille à Aléria, en août 1975, événement fondateur du mouvement nationaliste corse moderne.
Les jeunes à ses côtés dépassent rarement la vingtaine. «Les anciens et les nouveaux dans la rue, ensemble, aussi nombreux, ça faisait très l