C’est très simple : les juifs de France ne sont pas responsables des bombardements sur Gaza, pas plus que les musulmans de France ne le sont des massacres commis par le Hamas. Mais après plus de mille incidents antisémites en un mois sur le territoire français, force est de constater que tout est prétexte pour certains Français de sortir leurs pochoirs de croix gammées, leurs insultes, leurs menaces ou leurs crachats contre les Juifs. «S’en prendre à un Juif, c’est toujours chercher à atteindre la République», a déclaré le président de la République dans un discours devant le Grand Orient de France mercredi 8 novembre. Pour rassurer les Juifs de France, la République par la voix de son Parlement a donc annoncé une «grande marche civique» contre l’antisémitisme, dimanche 12 novembre à Paris.
Las, ce qui paraît évident ne l’est pas pour tout le monde. Dénonçant dans un communiqué officiel «l‘ambiguïté des objectifs de cette démarche», La France Insoumise a estimé qu’il était nécessaire «de se réunir autour des objectifs de paix pour exiger clairement un cessez-le-feu et la libération des otages», conditionnant ainsi sa condamnation des actes violents contre les Juifs français à des déclarations sur un conflit se tenant à 3 000 kilomètres de l’Hexagone. Il y a aussi un «prétexte», pour reprendre le nouveau mot-joujou du leader Jean-Luc Mélenchon, à ne pas manifester dimanche, et c’est l’appel de Marine Le Pen à ses électeurs de participer à la marche.
Etrange : en 2018 le même Mélenchon saluait l’appel de Marine Le Pen à manifester contre la réforme des retraites, s’extasiant devant les «intérêts communs», ajoutant que Le Pen «est en train de faire un progrès en quelque sorte en direction de l’humanisme, je ne vais quand même pas me plaindre de ça». Une possible participation du RN à la marche civique serait gênante, mais moins que la désertion d’un parti de gauche dans ce combat.