Soumis à une importante pression migratoire, Mayotte, territoire français de l’océan Indien où se déroulent en ce moment une vaste opération de lutte contre l’immigration illégale et de destruction de bidonvilles, l’opération Wuambushu, est le département le plus jeune et le plus pauvre de France.
Seul territoire de l’archipel géographique des Comores qui, d’élections en référendums, s’est toujours prononcé pour son maintien au sein de la communauté française, Mayotte est devenu en mars 2011 le 101e département français et le cinquième département d’outre-mer.
L’évolution de la population
Le premier défi auquel est confronté Mayotte est celui de la croissance démographique. Il s’agit du département français avec le plus fort accroissement de population, devant la Guyane. Mayotte a enregistré une croissance exponentielle de sa population depuis les années 80. Alors qu’on dénombrait environ 224 000 habitants en 2014, l’île de 376 kilomètres carrés en compte désormais 310 000, selon une estimation de l’Institut national de la statistique (Insee) parue en janvier. Mais selon la Chambre régionale des comptes, de nombreux indices laissent penser que la population serait «fortement sous-estimée».
La population du département projetée par l’institut à l’horizon 2050 est comprise entre 440 000 et 760 000 habitants, le principal déterminant étant l’évolution des flux migratoires.
L’archipel est aussi le département le plus jeune de France : la moitié de la population est mineure. Une caractéristique inédite appelée à prendre une plus grande ampleur au regard des records sans cesse battus de naissances (près de 11 000 en 2022).
L’origine des habitants
Selon l’Insee, près de la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, mais près d’un tiers des étrangers sont nés sur l’île.
Mayotte se situe à moins de 70 kilomètres d’Anjouan, l’une des trois grandes îles composant les Comores, Etat indépendant depuis 1975 et qui revendique encore officiellement Mayotte. Cette proximité facilite le flux d’immigration illégale en provenance de ce pays, l’un des plus pauvres au monde. Le plus souvent arrivés à bord de grandes barques de pêche traditionnelle, les kwassa-kwassa, les immigrés comoriens, rejoints par des ressortissants de pays d’Afrique de l’Est, composent plus de 48 % de la population du département français.
Les lois en matière d’immigration sont bien plus restrictives que dans l’Hexagone. En 2022, les autorités ont procédé à plus de 25 000 reconduites à la frontière, selon la préfecture de Mayotte, et 354 passeurs ont été condamnés à de la prison ferme ou avec sursis avec interdiction du territoire de trois années. Les migrants sont cependant nombreux à refaire la traversée dans l’autre sens à peine arrivés aux Comores. La multiplication des expulsions a renforcé le nombre de mineurs isolés, dont le nombre était estimé à près de 4 500 en 2016, selon un rapport d’information du Sénat.
La pauvreté
Mayotte reste le département français le plus pauvre. Trois quarts des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, plus de cinq fois plus qu’en métropole, et près de deux fois plus que dans les autres départements d’outre-mer. En 2018, selon l’Insee, 42 % de la population vivait avec moins de 160 euros par mois. En 2022, à peine un tiers des 15-64 ans avaient un emploi. De nombreux habitants vivent dans des bidonvilles insalubres. Cependant, Mayotte fait figure de territoire riche face à ses voisins immédiats, les Comores et Madagascar.
La délinquance et le sentiment d’insécurité sont particulièrement élevés dans le territoire. Les habitants de Mayotte sont trois fois plus victimes de vols avec ou sans violence que ceux de l’Hexagone, selon des données de l’Insee portant sur 2018 et 2019.