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Procès

Meurtre de Lola : l’accusée Dahbia B. sera bien renvoyée aux assises

Meurtre de Lola à Parisdossier
Un juge d’instruction parisien a ordonné vendredi 15 novembre la tenue d’un procès aux assises contre la mise en cause dans le meurtre de la jeune Lola, à l’automne 2022 à Paris, qui avait suscité un émoi national.
Une affiche en hommage à Lola, le 16 novembre 2022 à Paris. (Magali Cohen/Hans Lucas via AFP)
publié le 15 novembre 2024 à 22h24

Deux ans après le meurtre de Lola à Paris, une instruction qui trouve une traduction judiciaire. Dahbia B. sera jugée aux assises pour «le meurtre d’un mineur de 15 ans accompagné ou précédé d’un viol, de torture ou d’actes de barbarie, au préjudice de la jeune Lola, ainsi que pour viol commis sur un mineur avec torture ou acte de barbarie», a appris l’AFP auprès du parquet vendredi 15 novembre. Dahbia B., qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire au moment des faits, encourt la perpétuité.

Avocate de la famille de Lola, Me Clotilde Lepetit a salué «une instruction qui montre le sérieux et le travail qui a été consacré à ce dossier criminel hors norme». La mère de Lola «madame Daviet voulait qu’il soit prévu le plus haut des débats judiciaires pour que soient jugés les crimes terribles commis sur sa fille. Nous l’aurons». «Nous espérons que les débats nécessaires à la vérité judiciaire se dérouleront sereinement, loin de l’agitation médiatique et des inepties des réseaux sociaux», ont réagi auprès de l’AFP Mes Alexandre Silva et Lucile Bertier, les avocats de la défense.

Atteintes à caractère sexuel et multiples lésions

Tard dans la soirée du vendredi 14 octobre 2022, Lola, qui n’était pas rentrée du collège dans l’après-midi, était retrouvée sans vie dans une caisse en plastique, dans la cour intérieure de l’immeuble de la capitale où elle habitait. En cherchant sa fille, son père, gardien de la résidence, avait vu sur les images de vidéosurveillance Lola entrer dans le hall vers 15 h 15 avec une femme qu’il ne connaissait pas. Cette dernière, qui avait rejoint sa sœur qui habitait dans l’immeuble, était ressortie de la résidence vers 17 heures, tirant de lourds bagages dont une malle en plastique.

La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne avait interpellé dès le samedi matin à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) la suspecte, Dahbia B., une jeune Algérienne née en 1998, entrée légalement en France en 2016 avec un titre de séjour d’étudiant. En garde à vue, elle avait raconté avoir «imposé [à Lola] de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d’autres violences ayant entraîné la mort. Elle aurait dissimulé le corps dans la caisse», avait relaté à l’époque dans un communiqué la procureure de Paris Laure Beccuau. L’autopsie avait révélé que Lola était morte asphyxiée. Son corps présentait de «multiples autres lésions», notamment au niveau du cou, mais pas «de lésion traumatique de la sphère sexuelle».

Face à la violence des faits et l’incohérence des propos de la suspecte, cette dernière avait fait l’objet d’une expertise psychiatrique. L’examen n’avait relevé «aucun trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli ou altéré son discernement» même si, «sur le plan social (et non sur le plan psychiatrique), sa dangerosité devait retenir toute l’attention». Dans son ordonnance de renvoi, le parquet rapporte que deux autres médecins avaient ensuite conclu à «l’existence de conduites manipulatoires relevant d’une personnalité pathologique ou d’une stratégie, et pas d’une pathologie psychiatrique majeure».

Récupération politique

Le fait qu’elle se trouvait toujours présente en France avait suscité de virulentes critiques à droite et à l’extrême droite, Eric Zemmour courant les plateaux avec le terme de «francocide», quand l’alors sénateur LR Bruno Retailleau déposait une proposition de loi pour sanctionner «la non-assistance à Français en danger». Le gouvernement avait en retour fustigé «l’indécence» de cette «récupération politique». «Se servir du cercueil d’une gamine de 12 ans comme on se sert d’un marchepied, c’est une honte», avait tonné Eric Dupond-Moretti. Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait commenté : «Elle est arrivée régulièrement en tant qu’étudiante sur le territoire national. Il y a à peine un mois qu’elle a une obligation de quitter le territoire [en réalité, près de deux, ndlr], donc les choses se sont faites dans des conditions qui sont malheureusement non prévisibles, d’autant plus que cette personne est vraisemblablement elle-même connue comme victime de violences conjugales.»

Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux collégiens, avaient participé à une émouvante marche blanche en hommage à Lola, au cours de laquelle sa mère avait pris la parole : «C’est dans ces moments difficiles, d’une violence extrême, que le meilleur côtoie le pire. Le meilleur, c’est vous ici présents, c’est la solidarité, c’est la fraternité […]. Le pire, ce sont les utilisations de l’image de notre fille à des fins mercantiles ou politiciennes.»

Le père de Lola, «dévasté» par la tragédie, est décédé au début de l’année 2024. février. «Johan Daviet avait la tête et le cœur trop près de l’enfer depuis les faits commis sur sa fille. Il dégringolait. Sa crise cardiaque est l’épilogue de cette descente aux enfers», avait commenté son avocate, qui représente toujours la mère de Lola.