Son regard bleu baissé au sol, Marc (1) raconte à demi-mot le «choc». «Ma femme et moi ; ça nous est tombé sur la tête, on ne s’y attendait pas du tout.» Il y a une poignée d’années, son fils, adolescent, a été mis en examen pour une infraction à caractère sexuel dont il ne souhaite pas donner davantage de détails, et pour laquelle il n’a pas été encore jugé. Le quinquagénaire fustige pêle-mêle : l’influence des copains, Internet – «le mal de notre époque» – et le manque de formation des éducateurs de l’Institut thérapeutique éducatif et pédagogique au sein duquel est placé son fils depuis son jeune âge.
Entre fouillis juridique et absence de politiques publiques, les violences entre mineurs sont un angle mort de la prise en charge des violences sexuelles. Publiés en octobre 2022, les premiers résultats de recherches menées par la protection judiciaire de la jeunesse pour le ministère de la Justice, rappellent qu’elles sont pourtant «loin d’être anecdotiques» : les mineurs représentent la moitié des mis en cause dans les affaires de viols et d’agressions sexuelles sur mineur. Dans la lutte contre ces violences, la prévention doit aussi intégrer les auteurs.
Ce jeudi d’automne, Marc et trois autres parents sont réunis autour d’une rangée de tables, à l’étage de l’hôpital psychiatrique la Colombière, situé au sein du CHU de Montpellier. Agés de 14 à 20 ans, leurs enfants auteurs de violences sexuelles (accusés d’agressions sexuelles ou de viols, en dehors ou