Ils se sont passé le mot, via Instagram : partout en France, des librairies de quartier mettent à dispo leur réserve pour stocker banderoles et pancartes entre deux manifs. En mode base arrière. A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Rania Daki, 21 ans, a donné l’impulsion pour un porte-à-porte géant afin de convaincre les jeunes de son âge d’aller voter. «Nous avons grandi là, on sait leurs galères. A nous, ils ne fermeront peut-être pas la porte.» Elle précise être «transfuge». Famille d’immigrés, enfance en banlieue mais lycée parisien prestigieux. «J’ai les codes des deux mondes.» Pendant ce temps, dans sa maison de retraite de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), Philippe Wender, 87 ans d’optimisme, peaufine son article pour mobiliser les troupes. «Notre revue trimestrielle sera distribuée la veille du premier tour. Ça tombe à pic.» Président du collectif Citoyennage, portant la voix des plus âgés, il aimerait l’ouverture de bureaux de vote dans les Ehpad publics. «Ça changerait des écoles ! Et cela amènerait du passage dans nos établissements. Les résidents se sentiraient moins isolés et peut-être qu’ils arrêteraient de dire : “Voter, ce n’est plus pour moi.” C’est mon combat.»
L'édito de Dov Alfon
Et si, dans le bourbier ambiant, le seul rempart possible contre l’extrême droite était entre leurs mains ? Les engagés du quotidien, ces figures de quartier ou du village, respectées de tous, via leur métier ou leur engagement associatif. Qu’ils soient secouriste à la Cr