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Baby bouh

Moins de bébés et plus de décès : en France, la population continue à vieillir

La vieillesse, une maladie ?dossier
Des chiffres de l’Insee publiés ce mardi font état d’une baisse du taux de fécondité et d’une hausse du nombre de décès. La population continue toutefois d’augmenter, bien qu’elle soit vieillissante.
Les chiffres de l’Institut national de la statistique (Insee), dressent l’état des lieux de la population en France - qui compte depuis le début de l’année 68 millions d’habitants, une hausse de 0,3 % sur un an. (Dana Tentea/Hans Lucas pour Libération)
publié le 17 janvier 2023 à 15h02

Moins de bébés et de plus en plus de personnes âgées. Les chiffres de l’Institut national de la statistique (Insee), rendus publics ce mardi, dressent l’état des lieux de la population en France - qui compte depuis le début de l’année 68 millions d’habitants, une hausse de 0,3 % sur un an. Une croissance de la population principalement liée au solde migratoire (+161 000 personnes), soit la différence entre le nombre de personnes entrées et celles sorties du territoire.

Autre facteur de croissance : la différence entre le nombre de naissances et de décès. Ce solde, qui s’élève à +56 000 personnes, a néanmoins atteint son «plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», précise l’Institut national de la statistique. Une situation qui s’explique par la combinaison de deux facteurs : un recul des naissances et une hausse de la mortalité.

Baisse du taux de fécondité

L’année 2022 a enregistré le plus faible nombre de naissances sur un an depuis 1946 en France : 723 000, soit 19 000 de moins qu’en 2021. Un recul de la natalité qui s’explique principalement par la baisse du taux de fécondité, soit le nombre d’enfants par femme. Celui-ci s’est établi à 1,80 enfant par femme l’an dernier, contre 1,84 en 2021. Ce taux n’a cessé de diminuer chaque année entre 2015 et 2020, après avoir oscillé autour de 2 enfants par femme entre 2006 et 2014. Il avait toutefois augmenté en 2021, dans un contexte marqué par les conséquences de la pandémie. Les femmes sont âgées de 31 ans en moyenne lors de la naissance de leur premier enfant, contre 29,4 ans il y a vingt ans.

La France restait toutefois en 2020 - dernier comparatif possible - le pays le plus fécond de l’Union européenne (1,82 enfant par femme), devant la Roumanie (1,80). Prenant acte de la baisse de la natalité, l’Union nationale des associations familiales (Unaf) appelle le gouvernement à relancer «la politique familiale», en améliorant notamment «l’indemnisation du congé parental» et en créant un «service public de la petite enfance». «La baisse continue de la fécondité met en péril notre système de solidarité par répartition», souligne également l’union, à l’heure où le projet de réforme des retraites suscite de fortes oppositions.

Hausse des décès

Courbe inverse : l’Insee comptabilise une augmentation du nombre de décès en France : 667 000 en 2022, soit 5 000 de plus qu’en 2021. Le nombre est à peine inférieur à celui de 2020 (-0,3 %), année marquée par l’épidémie de Covid-19, et nettement supérieur à celui de 2019 (+8,8 %). Il existe plusieurs explications à cette mortalité élevée, dont le vieillissement de la population. L’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges plus avancés entraîne logiquement une hausse des décès depuis quelques années. En outre, la pandémie s’est poursuivie en 2022 , provoquant des morts supplémentaires. Trois périodes de canicule ont également causé des pics de mortalité.

Au 1er janvier 2023, en France, 21,3 % des habitants avaient 65 ans ou plus. Ils n’étaient que 17,1 % dans cette tranche d’âge en 2012. Les moins de 20 ans représentaient eux en début d’année 23,5 % de la population et les 20 à 64 ans 55,2 %. Quant à l’espérance de vie à la naissance, elle s’est établie à 85,2 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes, soit des niveaux proches de ceux de 2021 et toujours inférieurs de 0,4 an à ceux de 2019, avant la pandémie.