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Enquête

«Mon père voulait mourir, il souffrait» : le combat d’un fils face aux failles de la loi sur la fin de vie

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Après le refus d’une sédation profonde et continue jusqu’à la mort pour son père atteint d’un cancer, Grégoire Gentil a porté plainte. Il dénonce les lacunes de la mesure phare de la loi Claeys-Leonetti de 2016, à la fois méconnue des professionnels et peu appliquée, soulevant ainsi la délicate question du «bien mourir».
Grégoire Gentil montre une photo de la main de son père Alain, prise pendant son agonie. (Laure Andrillon/Libération)
publié le 13 décembre 2023 à 18h30

Une phrase est vraiment insupportable aux yeux de Grégoire Gentil, la toute dernière du compte rendu d’hospitalisation de son père : «Le patient est décédé paisiblement le 23 juillet 2023.» Vraiment, il n’y a rien eu de «paisible» dans la fin de vie de l’octogénaire, il a traversé «une atroce souffrance psychique» jusqu’à son dernier souffle, estime son fils en colère. L’homme de 84 ans, atteint d’un cancer au stade terminal, est mort vers 2 heures du matin dans une chambre de soins palliatifs parisienne. Grégoire Gentil était à ses côtés, comme depuis «dix-neuf jours et deux-cent cinquante heures», lui tenant la main dans le noir. Il se souvient de la lumière bleutée du moniteur, des respirations qui ont commencé à ralentir, des battements du cœur qui se sont espacés.

Mais depuis des mois, il n’arrête pas de ressasser : ça n’aurait pas dû finir comme ça. Même si cela n’existe pas, médicalement parlant, il est persuadé que son père s’est plongé lui-même «dans le coma», qu’il a «éteint son cerveau» pour éradiquer l’angoisse, car les médecins ont refusé la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès. La SPCJD, comme disent les initiés, est la mesure phare de