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Interview

Vitrine d’une librairie cassée à Marseille : «Cela devient difficile d’exercer notre métier»

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Emilie Berto a ouvert il y a huit ans une librairie de quartier dans le tranquille VIIe arrondissement marseillais. Elle raconte l’équilibre, galère à trouver, entre se mobiliser contre l’extrême droite tout en restant un lieu de débats ouvert à tous. Lundi 17 juin, sa vitrine a été cassée.
La vitrine de la librairie Pantagruel, à Marseille, mercredi 19 juin. (Patrick Gherdoussi/Libération)
publié le 20 juin 2024 à 12h29

«C’est donc ça qui nous attend ?» Emilie Berto, libraire dans le VIIe arrondissement de Marseille, envoie une photo de sa vitrine cassée. Jamais, en huit ans d’existence, la librairie de quartier Pantagruel n’avait connu d’acte de vandalisme. Alors depuis lundi 17 juin, à tour de rôle avec son associée, elles essaient de se convaincre : c’est peut-être la faute à pas de chance. Une altercation au mauvais endroit ? Ou bien un acte ciblé, en réaction aux livres choisis pour la devanture de leur espace jeunesse ? L’éclat est de la taille d’une boule de pétanque. Elles ont rendez-vous ce jeudi au commissariat pour enregistrer la plainte.

Derrière la vitre cassée, il y a un album pour minots, d’un rouge joyeux, avec des citoyens de partout, les bras levés, Tous ensemble on fait changer le monde. Sur l’étagère du bas, l’histoire de Martin et Rosa (alias Martin Luther King et Rosa Parks). Un livre à la forme allongée à l’adresse des ados : Oola, en avant les élections ! écrit par le prix Nobel d’économie Esther Duflo. Cette couverture aussi, aux teintes pastel, d’un enfant en équilibre sur des cailloux dans un cours d’eau. Son titre : le Barrage. Elles ont collé aussi ces affiches (éditées par l’association Mauvaise compagnie) entre les pattes de peluches, comme si elles étaient en manif : «Dis-moi pourquoi tu ne votes pas», «Je veux vivre dans une France antiraciste et antifasciste».

Gentrification

Cette vitrine, elles l’ont mûrement réfléchie. Passé «le choc»