Il était l’un des principaux suspects dans l’affaire concernant la mort d’Agathe Hilairet, cette femme de 28 ans retrouvée en mai près de Vivonne (Vienne) plusieurs semaines après sa disparition. Le suspect du meurtre de la jeune joggeuse, présenté à un juge ce vendredi 12 septembre, a été mis en examen pour «meurtre suivi, accompagné ou précédé d’un autre crime, à savoir enlèvement ou séquestration», a appris Libération auprès de son avocat Aurélien Bourdier, confirmant une information de BFMTV. Le suspect a également reconnu avoir donné deux coups à la jeune femme, ayant entraîné la mort sans intention de la donner, précise Me Aurélien Bourdier à France Télévisions.
La procureure de Poitiers, Rachel Bray, a sollicité son placement en détention provisoire, indique-t-elle dans un communiqué transmis à Libération.
Cet homme, qui, selon le parquet de Poitiers, «reconnaît sa présence sur les lieux et avoir été en contact avec Agathe Hilairet», est notamment connu au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), a indiqué une source proche du dossier.
Selon les informations du Parisien publiées ce vendredi, ce salarié agricole d’une cinquantaine d’années, avait déjà été condamné, par deux fois, pour des viols commis sur des joggeuses. «Le casier judiciaire de cet individu porte mention de deux condamnations criminelles», confirme également le parquet. Selon le quotidien, le gardé à vue a ainsi écopé une première fois en 1994 de douze ans de prison pour un viol commis en 1992. La victime était une jeune joggeuse, qu’il aurait menacée avec une arme.
Cinq ans plus tard, en 1999, lors d’une permission de sortie, l’ouvrier agricole récidive : il s’en prend à une mère de famille du Puy-de-Dôme qui effectuait là encore son jogging. Pour ce crime, mais aussi pour un troisième viol commis en 2001 à l’encontre d’une femme qu’il avait suivie chez elle, le quinquagénaire avait été condamnée à trente ans de prison – ont deux tiers de sûreté – en février 2004. Au cours de son procès, il avait évoqué un «trou noir».
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D’après les informations de RTL, cet homme, qui travaille à Celle-Lévescault, à quelques kilomètres de Vivonne, est sorti de prison l’an dernier, après plus de vingt ans derrière les barreaux. Il demeurait depuis suivi par la justice, ajoute le Parisien. Après une incarcération en Corse, l’intéressé «bénéficiait d’un aménagement de peine sous la forme d’un placement extérieur sur le département de la Vienne à compter du mois d’avril 2024», renseigne la procureur de Poitiers. Puis, à partir d’octobre 2024, le suspect a été «placé sous surveillance judiciaire avec injonction de soins, résidence dans un lieu déterminé, interdiction de contact avec les victimes, interdiction de détenir une arme et obligation de travail».
Aucun alibi solide
C’est au cours de leurs investigations que les gendarmes – qui ont scanné à la loupe les emplois du temps de dizaines de délinquants sexuels inscrits au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) présents dans le secteur de disparation de la jeune joggeuse – ont identifié ce quinquagénaire comme suspect.
Lors de sa garde à vue, l’homme n’aurait pas été capable de fournir un alibi solide aux enquêteurs concernant le jour la disparition d’Agathe Hilairet, renseigne RTL. «Les expertises réalisées dans le temps de la garde à vue ont permis de matérialiser la présence de l’ADN de la victime dans le véhicule», informe le parquet dans le communiqué transmis ce jour.
Jusqu’ici, l’autopsie du corps de la jeune joggeuse, qui «se trouvait dans un sous-bois en périphérie des zones de recherches», selon le parquet, n’avait «pas permis de déterminer les causes du décès». D’éventuelles traces de violences ou d’agression n’avaient pas été mentionnées. L’examen de la géolocalisation de la montre connectée d’Agathe Hilairet avait par ailleurs permis d’établir que le corps avait été déplacé, accréditant la piste criminelle.
Mise à jour à 13 h 43 avec les déclarations de l’avocat du suspect