Menu
Libération
Violences

Mort de Jean Pormanove : Kick rend les vidéos à nouveau publiques, l’Arcom fustige cette décision

La plateforme australienne a fait valoir que c’était la seule façon de pouvoir mettre les enregistrements des violences subies par le streamer français à la disposition de la justice française. Justification insuffisante, pointe le gendarme du numérique français ce vendredi 22 août.
La page Web de Kick est visible sur cette illustration prise le 21 août 2025. (Dado Ruvic/REUTERS)
publié aujourd'hui à 15h42

Moins d’une semaine après leur diffusion en direct, les images montrant la mort de Jean Pormanove sont de nouveau accessibles. La plateforme Kick, qui avait bloqué ces heures d’humiliations et de violences en direct inaccessibles lundi, a annoncé leur blocage, a appris l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) ce jeudi. Une décision que le gendarme du numérique a fermement condamné dans un communiqué ce vendredi.

Dans les premières heures qui ont suivi la mort de Raphaël Graven - le vrai nom du streamer -, la plateforme australienne avait annoncé le bannissement de tous les streamers impliqués le temps de l’enquête ouverte par la justice. La levée du blocage de la chaîne qui hébergeait les vidéos est donc un revirement. Comme l’explique l’Arcom dans son communiqué, Kick estime que cette décision est «le seul moyen de répondre aux demandes du régulateur et de l’ensemble des parties prenantes [ministères et Office anti-cybercriminalité], qui ont exprimé le souhait d’accéder aux contenus audiovisuels de la chaîne jeanpormanove afin de mettre au jour d’éventuels manquements commis par la plateforme dans la modération de ses contenus».

Un argumentaire qui ne tient pas pour le régulateur, qui ne voit pas pourquoi la mise à disposition de ces enregistrements aux autorités nécessite de les remettre à disposition de l’ensemble du public. L’Arcom demande donc à la plateforme de rétablir, dans les plus brefs délais, le blocage de la chaîne. Dans le cas contraire, elle «examinera toutes les possibilités d’action».

La mort en direct de Jean Pormanove suscite l’effroi depuis le début de la semaine. Jusqu’à la mise en cause de l’Etat, qui avait été alerté de la situation du streamer de 46 ans dès décembre, selon des informations de Mediapart. La ministre en charge Numérique, Clara Chappaz, a assuré ce vendredi, au micro de FranceInfo, avoir «pris cette affaire au sérieux» - tout en se dédouanant, en répétant «qu’une ministre ne peut pas décider de fermer un site». Une enquête avait toutefois été ouverte par le parquet de Nice -mais les deux vidéastes qui violentaient leur comparse en direct étaient ressortis libres après leur garde à vue.

Selon les premiers résultats de l’autopsie rendus publics jeudi, le décès de Jean Pormanove «n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers», a indiqué le procureur de la République de Nice. «Les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et/ou toxicologique», a-t-il ajouté. «Des analyses complémentaires, toxicologiques et anatomopathologiques, ont été ordonnées pour préciser ces causes.»