Ajaccio ne dort pas, la ville se recueille. Le tombereau de journalistes, débarqués ce mardi dans la plus grande ville de Corse, a eu tôt fait de le comprendre. Ils n’étaient pas loin d’être aussi nombreux, à la mi-journée, que les quelques dizaines de lycéens rassemblés devant la préfecture de Corse-du-Sud. La banderole accrochée au portail fermé de l’édifice dit : «Yvan, martiriu di a causa corsa» («Yvan, martyr de la cause corse»). Un jeune s’appuie sur le pilier qui encadre les grilles, avant d’en retirer sa main noircie de suie. Peut-être à cause des feux, allumés devant le bâtiment depuis l’agression d’Yvan Colonna en prison, le 2 mars, par un codétenu ? Le lycéen sourit en s’essuyant la pogne : «C’est pas grave, c’est une belle peinture.» Elle n’est toutefois pas au goût du jour. L’insurrection laisse – pour l’heure – la place à la commémoration. Là où il y avait des flammes, il y a aujourd’hui des chansons. En cercle autour d’une guitare qui change de mains, les jeunes, presque uniquement des garçons, tous vêtus sombrement, se parlent en corse et chantent la
Reportage
Mort d’Yvan Colonna: «En Corse, on respecte les morts, c’est pour ça qu’il n’y a pas de débordement»
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«Yvan, martyr de la cause corse», clame une banderole lors d'une manifestation de lycéens à Ajaccio (Corse-du-Sud), mardi. (Pascal Pochard_Casabianca/AFP)
par Fabien Leboucq
publié le 22 mars 2022 à 20h13
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