Elle a été ce cri dans la nuit explosive. Cette silhouette le long d’une façade éclairée par des flammes, qui se presse au-devant des émeutiers. «Pas l’école, s’il vous plaît ! Pas l’école, ne touchez pas à l’école !» Au soir du 29 juin 2023, Samar Antoun a la voix chargée de colère, de peur aussi, face à cette violence qu’elle méprise. En fond sonore, des coups portés à une porte et du verre qui se brise. Sans cette vidéo de sept secondes, tournée depuis l’immeuble d’en face et propagée par les réseaux au-delà des frontières du pays, la quinquagénaire n’aurait pas eu de souvenir aussi précis de la scène. L’effet tunnel, le pouls dopé par le rush d’adrénaline, en a estompé les détails. Si ce n’est «l’odeur de la poudre» qui planait sur le quartier et ce «dixième de seconde» où elle a senti culminer «l’électricité dans l’air».
Samar Antoun vit depuis 1988 à Villeurbanne (métropole de Lyon). Après un quart de siècle à enseigner en REP+ au Mas-du-Taureau, îlot de pauvreté de Vaulx-en-Velin, cette professeure des écoles est devenue directrice de l’école maternelle à côté de chez elle. C’en est une autre, élémentaire, à deux rues de son appartement, qu’elle a sauvée en cavalant derrière des «c