Le bilan est dramatique. Un immeuble d’habitation s’est embrasé à Nice (Alpes-Maritimes) dans la nuit du mercredi 17 juillet au jeudi 18 juillet, au niveau du 7e étage, causant la mort de sept personnes, annonce ce matin le procureur de Nice. Trois enfants et un adolescent n’ont pas survécu à l’incendie, tandis qu’une quarantaine d’autres personnes ont aussi été touchées. Libé fait le point.
Les faits
Vers 2 h 30 du matin, les pompiers ont été appelés pour intervenir dans le quartier populaire des Moulins, à Nice, pour un violent feu dans un immeuble d’habitation. D’importants moyens de secours ont alors rapidement convergé vers la rue de la Santoline, lieu du drame situé dans le sud-ouest de la ville et gangrené par les trafics de stupéfiants. A leur arrivée, les sapeurs-pompiers ont constaté que des langues de flammes s’échappaient des fenêtres d’un appartement du 7e étage de l’édifice.
Un famille déchiré par cette catastrophe 😭 @cestrosi pic.twitter.com/cEnUz3Fi60
— Habitants Quartiers des Moulins (@HabitantsM) July 18, 2024
Les soldats du feu ont alors procédé à de nombreux sauvetages à l’aide de trois échelles aériennes, et ont pu mettre en sécurité 33 habitants. Au total, 25 engins et 72 sapeurs-pompiers ont été engagés. René Dies, directeur des pompiers des Alpes-Maritimes confirme sur BFMTV que «cinq vies ont été sauvées», alors que «le bilan aurait pu être plus lourd, dont un couple avec un enfant au bord d’une fenêtre, prêt à se jeter».
Aux alentours de 7 heures du matin, la deuxième adjointe au maire de Nice, Anne Ramos, a confirmé au micro de BFMTV que le feu était désormais éteint. Le feu ne s’est, «a priori», pas propagé dans les autres appartements, souligne-t-elle, tout en notant que la cage d’escalier restait encore inaccessible.
L’enquête
Les investigations «confortent totalement la piste criminelle», a affirmé le parquet dans un communiqué ce jeudi après-midi, en évoquant notamment «trois départs de feu aux 1er, 2e et 3e étages». Plus tôt ce jeudi, le préfet avait assuré que, «vraisemblablement, le départ de feu n’est pas au 7e étage», mais «plus bas, dans la cage d’escalier». Les flammes se seraient ensuite propagées dans les étages par la «colonne sèche», ces tuyauteries fixes et rigides installées dans les immeubles devant être accessibles aux sapeurs pompiers. «Malheureusement, le feu […] a généré ce qu’on appelle une accumulation de gaz chaud dans la partie supérieure de l’immeuble, a expliqué Benoît Huber, directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes. Et ensuite, c’est un phénomène d’embrasement généralisé, selon les termes techniques des sapeurs-pompiers, qui a provoqué un incendie survenu dans l’étage supérieur de l’immeuble.»
Sur le réseau social X, le maire de Nice, Christian Estrosi – qui connaissait «depuis très longtemps la famille» – confirme quant à lui disposer «d’images qui démontrent très clairement qu’il y a eu des gens cagoulés qui, vers 3 heures du matin, ont dispersé de l’essence dans cette cage d’escalier qui a pris feu». Dans son communiqué, le parquet précise de son côté que l’exploitation des images de vidéosurveillance de la ville a permis de détecter «une voiture de couleur sombre, de type citadine», stationnée sur les lieux peu avant l’alerte incendie faite à 2 h 28 exactement.
A 2 h 24, les caméras voient «trois jeunes hommes aux visages non dissimulés, vêtus simplement de tee-shirts et de shorts», sortir de ce véhicule puis «casser la porte d’entrée de l’immeuble», dans le quartier, «à l’aide d’un élément récupéré sur place». «Ils en ressortaient très peu de temps après et prenaient la fuite. Le feu se déclarait juste après», ajoute le procureur de Nice, Damien Martinelli, selon qui «la pluralité de mises à feu a contribué à la propagation très rapide des flammes». Sur la base de ces nouveaux éléments, l’enquête ouverte jeudi matin et confiée à la police judiciaire a été élargie et couvre désormais les chefs de «destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort» et d’«association de malfaiteurs», a précisé le magistrat.
«Je ne sais pas quelle famille était visée, apparemment la famille du 2e étage. Il appartient au procureur de la République d’éclaircir ces points», fait également savoir Anthony Borré, premier adjoint à l’édile. D’après Nice-Matin, un des membres de cette famille était impliqué dans le trafic de drogue et avait pris la fuite ces derniers jours. Demandant «une particulière prudence sur le mobile du passage à l’acte criminel», le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a précisé qu’est bien explorée «la piste de faits intervenant dans le cadre d’un conflit sur fond de trafic de stupéfiants, sans lien avec les victimes et leur famille».
La Direction interdépartementale de la Police nationale (DIPN) du département a été saisie. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a promis de son côté que «les services de police feront la lumière sur les circonstances de ce drame épouvantable». Le locataire de Beauvau et Gabriel Attal se sont rendus sur place dès midi. Le Premier ministre a annoncé que trois individus étaient «recherchés» et que «l’enquête progresse».
Les victimes
En dépit des importants moyens mis en œuvre, «sept personnes sont décédées lors de cet incendie», ont déploré ce jeudi les secours. «Trois enfants, un adolescent et trois adultes sont morts dans l’incendie», a détaillé le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, ajoutant que la famille victime de l’incendie était d’origine comorienne. Les enfants sont âgés de 5, 7 et 10 ans ; et l’adolescent avait 17 ans.
«La septième victime [âgée de 45 ans] est morte après s’être défenestrée. Une autre personne, aujourd’hui blessée, s’est aussi défenestrée» pour tenter d’échapper aux flammes, a-t-il ajouté. Selon France Bleu Azur, cette personne a été transportée en urgence absolue à l’hôpital. Deux autres personnes ont également été transportées en urgence relative à l’hôpital. «Nos pensées vont aux proches des victimes. Nous sommes à leurs côtés et aux côtés de tous les Niçois. Unis», a réagi Emmanuel Macron sur X.
Émotion avec Nice après l’incendie meurtrier du quartier des Moulins. Je remercie les services de l’État et les secours pour leur action. Nos pensées vont aux proches des victimes. Nous sommes à leurs côtés et aux côtés de tous les Niçois. Unis.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 18, 2024
Le préfet des Alpes-Maritimes a précisé qu’au moment de l’incendie, «il y avait 10 personnes à l’intérieur» de l’appartement. Tous sont de la même famille ou ont des «liens familiaux». Au micro de BFMTV, le préfet souligne que «les personnes qui ont survécu sont celles qui étaient au plus proche de la façade et qui ont pu être extraite». Selon un témoignage qu’il a pu recueillir, la mère de famille serait «repartie dans le brasier» pour aller sauver ses enfants, mais «elle n’est pas revenue».
Immédiatement après le drame, la ville de Nice a ouvert une cellule de crise proche du lieu de l’incendie pour accueillir les familles évacuées de cet immeuble du quartier niçois des Moulins. Au total, une quinzaine de familles ont été accueillies dans une salle municipale voisine, dans l’attente d’un relogement.
Mise à jour : à 14 h 25 avec les déclarations de Gabriel Attal quant aux trois suspects recherchés ; à 19 h 15 avec les éléments communiqués par le procureur de Nice.