«Pas d’arme pas de mort», tagué sur une armoire frigorifique. «Paix», insiste une banderole accrochée sur ce barrage, à l’entrée de la Vallée-du-Tir, quartier où les affrontements ont fait rage en début de semaine dernière. Le drapeau indépendantiste a été remisé. Trois jeunes Kanaks, visage couvert, restent postés autour de la grande barricade qu’ils continuent à renforcer de grilles, d’appareils électroménagers, de bouts de ferraille. Pas contre les gendarmes, qui passeront en force tôt ou tard, mais contre les milices armées, dont les habitants ont une peur qui frôle la paranoïa.
Les jeunes observent les arrivants, font la circulation : les voitures passent par le trottoir, puis reviennent sur le bitume. Le début de la longue rue qui mène au cœur du quartier a été dégagé. Pierres et branches ont disparu. Les bâtiments administratifs, dont la rumeur disait qu’ils avaient cent fois brûlé, sont toujours debout. «On a tout nettoyé», annonce fièrement Tania (1), la trentaine, cheffe de secteur dans ce quartier géré par la population depuis quelques jours. «On a parlé avec les flics qui sont postés à la station-service, de l’autre côté. Ils font leur travail, on fait le nôtre. On casse toutes les bouteilles d’alcool qu’on trouve, on sécurise le quartier, on