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Reportage

Nouvelle-Calédonie : à Nouméa, «si ça doit péter, ça pétera»

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Après la mort de deux jeunes hommes dans la nuit de mercredi à jeudi, les habitants craignent une reprise des violences survenues au printemps. D’autant que l’approche de la date du 24 septembre, anniversaire de la prise de la Nouvelle-Calédonie par la France en 1853, accroît les tensions.
Des «voisins vigilants» ont installé un poste de contrôle à l’entrée du quartier de Ouémo depuis le début des émeutes, mi-mai. A Nouméa, jeudi. (Theo Rouby/Hans Lucas pour Libération)
par Maïté Darnault, envoyée spéciale en Nouvelle-Calédonie
publié le 19 septembre 2024 à 18h54

Flore, 54 ans, et Leda, 30 ans, ne se sont jamais croisées mais elles ont les mêmes mots : «On vit au jour le jour.» La première, kinésithérapeute, habite à Ouémo, quartier tranquille du sud de Nouméa ; la seconde, agente administrative, vit à Rivière-Salée, un secteur populaire de la capitale de la Nouvelle-Calédonie, ravagée lors des émeutes du 13 mai. Ce jeudi 19 septembre, l’île du Pacifique a vécu une nouvelle réplique de ces violences, après la mort de deux jeunes hommes dans la tribu de Saint-Louis. Et, à la perspective du 24 septembre, ces deux Calédoniennes se préparent comme elles peuvent. Cette date anniversaire célèbre à la fois la prise de possession du territoire au nom de la France en 1853 – un jour de deuil pour le peuple kanak – et la fête de la citoyenneté décrétée en 2004 pour tenter de tourner une page de l’histoire coloniale, à la faveur des accords de Nouméa.

«On essaie de se rassurer, si ça doit péter, ça pétera, dit Leda. Il y a deux mondes, ici on s’entraide, et il y a des endroits où les gens ont peur. J’aimerais bien reconstruire, tous ensemble, mais je ne sais pas comment.» Métisse tahitienne et kanak, cette mère de quatre enfants a grandi à Rivière-Salée, où de fortes détonations ont été entendues durant la soirée de ce jeudi, avant