Le bon chemin vers l’apaisement ? L’Elysée a annoncé la fin de l’état d’urgence sur l’archipel ce lundi à 20 heures. Dans le même temps, l’Etat envoie de nouveaux renforts pour tenter d’éteindre l’incendie qui couve toujours malgré la visite d’Emmanuel Macron sur le territoire français la semaine dernière. La levée de ces mesures d’exception doit «permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (principale composante indépendantiste, ndlr) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée», a expliqué la même source dans un communiqué.
Récit
L’état d’urgence avait été instauré le mercredi 15 mai (le 16 mai à Nouméa), après des violences qui ont à date fait sept morts et dont le détonateur a été l’adoption à Paris d’une réforme prévoyant le dégel du corps électoral local, c’est-à-dire son élargissement aux personnes établies depuis au moins 10 ans. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de «minoriser» encore plus le peuple autochtone kanak. Malgré des tensions encore vives, «le Président a décidé pour le moment de ne pas reconduire l’état d’urgence. Celui-ci ne sera pas prorogé» au-delà de son délai légal de 12 jours, a souligné l’Elysée.
Rétablir le dialogue sur les nombreux barrages toujours en place
La situation reste difficile sur place, les forces de l’ordre peinant toujours à contrôler certains quartiers du Grand Nouméa. Et même si la nuit de dimanche à lundi a été relativement calme, l’aéroport international va rester fermé aux vols commerciaux au moins jusqu’au 2 juin. L’exécutif espère ainsi que ce desserrement des restrictions permettra un rétablissement du dialogue sur les nombreux barrages toujours en place, visant notamment le collectif indépendantiste CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) qui est à la pointe la contestation. Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a de son côté samedi renouvelé «son appel au calme» et demandé de «desserrer l’étau sur les principaux axes de circulation».
Car la levée de ces barrages est «la condition nécessaire à l’ouverture des négociations concrètes et sérieuses», a rappelé dimanche la présidence, alors qu’Emmanuel Macron a installé jeudi, lors de sa visite éclair à Nouméa, une mission de dialogue composée de trois hauts fonctionnaires qui ont commencé à tenir des échanges bilatéraux avec des parties prenantes, indépendantistes et non indépendantistes. Cette mission «se tient prête à travailler avec les élus pour établir un accord global» autour du dégel du corps électoral, a insisté la présidence. Dans un entretien au Parisien dans son avion de retour à Paris, Emmanuel Macron avait avancé l’idée d’un «référendum au niveau national» pour entériner la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Une proposition très mal reçue sur l’archipel, et chez les opposants en métropole.
Parallèlement, l’Elysée a annoncé l’envoi «dans les prochaines heures» de «sept unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles». Au total, ce sont quelque 3 500 effectifs qui sont déployés sur l’archipel où deux gendarmes sont morts durant les émeutes.