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Tensions

Nouvelle-Calédonie : une nuit «relativement agitée», après la mort de deux Kanaks tués par des gendarmes

Les forces de l’ordre ont été ciblées par des jets de pierre et de cocktail Molotov dans la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 septembre sur l’archipel du Pacifique, tandis que des militants ont tenté de mettre en place des barrages et un incendie a touché un musée.
Des gendarmes bloquaient une route dans l'agglomération de Nouméa, jeudi 19 septembre 2024. (Delphine Mayeur /AFP)
publié le 20 septembre 2024 à 9h46

Un regain de tensions était à craindre en Nouvelle-Calédonie après la mort de deux militants Kanak, abattus par les gendarmes du GIGN. «La nuit a été relativement agitée et tranchait un peu avec la sérénité qui présidait aux nuits depuis maintenant quelques semaines», a déclaré lors d’une conférence de presse le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie sur l’archipel du Pacifique.

Les représentants des forces de l’ordre ont recensé quelques jets de pierre et de cocktails Molotov sur les gendarmes, des tentatives de mise en place de barrages à l’aide de végétaux et de déchets, un début d’incendie dans un musée, l’explosion d’un transformateur électrique et, hors de l’agglomération, la destruction par le feu d’une case dans la commune de Bourail. Selon Jean-Marie Cavier, directeur territorial de la Police nationale, les forces de police ont été confrontées à des groupes composés de trois à quatre personnes, essentiellement dans les quartiers populaires les plus touchés lors de l’insurrection.

Le général Nicolas Matthéos a toutefois souligné que la situation n’était en rien comparable avec celle qui avait suivi le 13 mai, marquant le début des troubles dans l’archipel qui ont causé au total la mort de 13 personnes, dont deux gendarmes. «Nous avons enregistré une diminution très nette de la mobilisation», a ajouté le membre des forces de l’ordre. Une baisse due selon lui au nombre important d’interpellations ces quatre derniers mois – environ 2 500.

A la tribu de Saint-Louis, où les deux hommes de 29 et 30 ans ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi, la nuit écoulée «n’a pas été marquée par des troubles», en particulier «parce que les familles s’emploient à éviter que la situation dérape et qu’il y ait des troubles supplémentaires», toujours selon le général.

2 500 interpellations depuis le début des violences

Les récents épisodes de violence en Nouvelle-Calédonie ont démarré le 13 mai, dans le cadre de la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral, suspendue depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Des centaines de personnes ont été blessées et les dégâts matériels ont été estimés à au moins 2,2 milliards d’euros, lors de ces violences d’une ampleur inédite depuis la quasi-guerre civile des années 1980.

Fin août, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a voté une résolution appelant l’Etat à financer un plan de «reconstruction et d’accompagnement de la Nouvelle-Calédonie» pour «éviter la mort économique et sociale du pays». Les élus demandaient alors 4,2 milliards d’euros pour relancer la collectivité.

Si la tension est nettement redescendue depuis mi-juillet, le sud de la Grande Terre (l’île principale de l’archipel) est toujours inaccessible par la route. En quatre mois, la gendarmerie estime avoir essuyé plus de 300 coups de feu.