Menu
Libération
Gaspillage alimentaire

«On a jeté pour 1 500 euros de sandwichs, c’est plus que notre salaire» : l’absurde interdiction de donner des invendus périmés

Article réservé aux abonnés
Comme il y a quelques mois à Marseille, des salariés se font parfois licencier pour avoir récupéré ou distribué de la nourriture destinée à la poubelle. La jurisprudence leur est favorable, mais les procédures sont très longues.
Selon un arrêt de la Cour de cassation en 2015, les invendus constituant des «res derelictae», «ils ne pouvaient être l’objet d’un vol». (Lageat Perroteau/Hans Lucas. AFP)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 27 août 2025 à 19h37

Sabri (1) n’a pas retrouvé de travail. «Moralement, ça ne va pas, avoue-t-il. Je ne dors plus la nuit, je suis complètement déprimé. Comment voulez-vous que j’honore un engagement avec un patron ?» Le 21 mars, avec trois autres de ses collègues, ses trente ans d’ancienneté ont été jetés à la poubelle : la société SSP, gestionnaire de plusieurs enseignes de restauration rapide dans des gares et des aéroports en France – dont celui de Marseille où officiait Sabri, notamment au Starbucks situé dans l’aérogare des départs –, l’a licencié pour «faute grave» sans aucun avertissement, pas même un rappel à l’ordre.

Dans sa lettre de rupture de contrat, il est stipulé qu’il n’a pas respecté le règlement intérieur, qui prévoit que les invendus doivent obligatoirement être jetés à la fin du service : «Aucun salarié n’a le droit de partir avec de la marchandise destinée à être jetée, rappelle le courrier. Celle-ci doit être jetée dans les conteneurs à poubelle prévus à cet effet.» Cela faisait p