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Libération
Reportage

«On me demandait de l’argent en échange d’un CDI ou de me régulariser» : des employés sans papiers de Carrefour dénoncent un «racket»

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En grève devant le centre commercial de Villeneuve-la-Garenne, mercredi 21 mai, les travailleurs originaires d’Algérie et du Maroc affirment avoir été délestés de 2 000 à 2 500 euros en échange d’un contrat. La direction de l’enseigne reconnaît des «négligences graves».
Les employés sans papiers du Carrefour de Villeneuve-la-Garenne, en grève, le 21 mai 2025. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 22 mai 2025 à 9h46

Le piquet de grève est installé près des caisses de l’immense (11 500 m²) hypermarché Carrefour de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Inauguré en 2014 dans le centre commercial Qwartz, il attire, cette après-midi du mercredi 21 mai, de nombreuses familles, venues flâner dans les allées ou faire quelques emplettes en attendant que la pluie ne cesse à l’extérieur. Sous le logo souriant de l’enseigne, une jeune femme en survêtement beige croise le regard de Yassine Bouyha, 29 ans, un Marocain filiforme, qui n’a pas quitté son gilet bleu de rayonniste depuis son licenciement.

«— Vous faites quoi monsieur ici ?

— Moi, je suis sans papiers, j’ai travaillé ici pendant six mois dans ce Carrefour. Des personnes dans le magasin me demandaient de l’argent en échange de promesses d’un CDI ou de me régulariser. Quand on a dénoncé leurs agissements, on a été licenciés. On est là pour revendiquer nos droits.

— Ah sérieux ? Bah on ne viendra plus chez Carrefour alors !»

Les deux se serrent la main, et Yassine rejoint le groupe de six autres collègues en gilets bleus, des sans-papiers en grève, comme lui, postés contre la rangée de caddies disponibles. En tout, ce sont douze