C’est un drôle de vélo qui est planté là, sur une place d’Avignon, un mardi de juillet. Immobilisé sur le sol, doté d’une seule roue et d’une plaquette en bois avec un mixeur. Deux jeunes le scrutent, à quelques mètres. «Vous voulez essayer ?» Chloé (1) raille son ami pour qu’il tente l’expérience. Il donne plusieurs coups de pédales, un bout de melon tournoie dans un jus, jusqu’à former un genre de smoothie. La jeune femme rit à côté. Peut-être n’a-t-elle pas prêté attention au slogan et aux quatre lettres qui ornent cette drôle de bicyclette. «L’ADMD, vous connaissez ? On est l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, on milite pour une fin de vie libre et choisie.»
Pas sûr que la jeune femme s’attendait à parler de mort ce matin. Mais elle écoute attentivement, regarde la feuille de directives anticipées qu’on lui présente. «Je suis pour qu’on puisse choisir sa fin de vie», affirme Chloé. Elle a vu le sujet revenir sur ses réseaux sociaux, ces derniers mois, au moment des débats sur l’aid